Aide au parcours d'auteur : résultats des commission de 2022

Résultats des commissions

31 décembre 2022


Lamine Ammar-Khodja

Marrainé par Mariette Désert

« Engagé dans un travail au long cours, l’Aide au parcours d’auteur me permettra d’entamer un deuxième volet, suite à un premier film autour de la ville d'Alger.

À travers un personnage situé à une frontière des genres, mais aussi entre le muet et le parlant, N. regarde le monde qui l’entoure et évolue selon une logique interne au récit.

Film frontière s’il en est, je voudrais explorer une narration qui serait à la lisière de la fiction et du documentaire. Mais plus encore, cette expérimentation me servira à assoir une méthode de travail et d’écriture. »

Roy Arida

Parrainé par Simon Rouby

« Depuis plus de 15 ans, je tourne mes films au Liban, pays où je suis né, où j’ai grandi et où vit encore toute ma famille.

De part mon ancrage géographique en France, j’ai jusque-là été forcé d’observer l’évolution du pays avec distance. J’ai, par conséquent, toujours eu un train de retard comme on dit. Et malgré toutes ces années passées en France, le territoire de mon imaginaire demeure encore à ce jour, le Liban. 

Ce territoire, il me faut le réinvestir. Car aujourd’hui, le Liban change. Peut-être plus, ou du moins plus vite que le reste du monde. Il bascule dans une crise politique et économique si délétère qu’elle semble changer définitivement le visage du pays. Cette métamorphose, j’aimerais l’éprouver depuis l’intérieur. J’aimerais y assister, m’y plonger et aussi m’en inspirer pour mon prochain projet de long-métrage qui suivra justement une communauté de gens cherchant à survivre et à s’organiser sur un territoire apocalyptique où depuis la chute de toute structure étatique les peuples sont livrés à eux-mêmes. Cette projection, j’aimerais la confronter au réel. Celui du quotidien. J’aimerais, cette fois, prendre les devants et mener un travail prospectif plutôt que rétrospectif comme ce fut le cas jusque-là.

L’aide au parcours d’auteur me permettra de renouer avec ce territoire, de m’immerger dans le quotidien libanais en multipliant comme jamais je n’ai pu le faire les séjours là-bas, aux côtés des miens et de tous ceux qui se doivent déjà d’anticiper, de prévenir, d’imaginer, de trouver des solutions en cette période pleine d’incertitude. »

Renaud Barret

Parrainé par Simon Rouby

« Lorsque j’ai commencé l’écriture de La Nouvelle Jérusalem, mon idée était de capter “en immersion”, le quotidien d’un vrai caïd de Kinshasa : Ngotshima aka Patron Voyou. Je le connaissais depuis des années et il avait fini par me donner le privilège incroyable de le filmer sans restriction ni censure, dans son fief : un hôtel borgne, sorte de sanctuaire pour les voleurs et les voleuses du ghetto qui se mettent sous sa protection… Dans la vraie vie, Ngotshima est usurier, receleur, proxénète, homme de main du gouvernement, mais aussi protecteur des enfants des rues, juge de paix, féticheur et patron d’un orchestre de heavy metal. A la fois un fieffé salaud et un bienfaiteur. Fasciné par la dualité et la dimension tragique de ce personnage d’anti-héros, j'ai eu l'envie d’organiser tout ce réel dans un scénario : ma première fiction. L’histoire d’une rédemption impossible qui serait entièrement portée par des personnages de la pègre jouant leurs propres rôles. Après plusieurs mois de co-écriture avec Boris Lojkine, nous avons abouti à un premier scénario ouvert, bien conscients que la réalité documentaire s’inviterait forcément dans notre film… Je n’imaginais pas encore à quel point. En effet, il y a quelques semaines Ngotshima a annoncé qu’il se présentait aux élections pour devenir député de sa commune. Une fois le choc passé, j’ai réalisé à quel point ce changement radical était passionnant.  Puis-je adapter le scénario déjà écrit à cette nouvelle réalité ? Ou faut-il repartir de zéro ? A ce stade de mon travail, l’aide au parcours d’auteur va me permettre de redéfinir, in situ, la frontière entre fiction et réalité. En suivant cette fois un gangster dans son envie de gouvernance légale. »

Eric Baudelaire

Parrainage collectif

« En d’autres termes est une fiction sur la fiction. R est un homme libanais d’une cinquantaine d’années qui travaille pour la Croix-Rouge en tant que visiteur de prison à Guantanamo. Tous les trois mois, il part en tournée pour rendre visite aux détenus, écoutant scrupuleusement leurs histoires, puis il se rend dans diverses villes et villages au Moyen-Orient et en Europe pour les restituer oralement aux familles. Depuis quelques mois, il commence à déraper, à transgresser, à s’insérer dans les histoires plutôt que d’en être un simple passeur neutre. Ses modifications inconscientes (mensonges ? fictions ?) sont concomitantes d’un bouleversement dans sa vie. »

Yasmine Benkiran

Parrainage collectif

« DAHOMEY est un film fantastique dont le mouvement de création part pourtant d’un ancrage fort dans le réel, dans un territoire, celui de la plage de Dahomey. C’est pour expérimenter cette démarche quasi-oxymorique que je sollicite aujourd’hui l’aide au parcours d’auteur. C’est un travail au long cours qui m’attend. Du temps sur le terrain, passé avec ses habitants et ses matériaux. Un temps de recherches, d’esquisses et de tâtonnements nécessaires à l’écriture de DAHOMEY. »

Mikael Buch

Parrainé par Antoine Barraud

« Même si mes deux nouveaux projets sont très différents, ils sont mus l’un comme l’autre par un seul et même désir : celui de m’emparer d’un genre (la comédie pour l’un et le mélodrame pour l’autre) pour poser un regard à la fois généreux et lucide sur ce qui nous unit et sur ce qui nous sépare dans la France d’aujourd’hui. 

Mon premier projet est un projet de long-métrage pour le cinéma, une « comédie du remariage » qui racontera l’histoire d’un couple d’hommes homosexuels et bourgeois qui, au moment de préparer son mariage, fait face à une remise en question de ses valeurs et de sa façon de se penser politiquement comme couple homosexuel aujourd’hui.

Mon deuxième projet est une minisérie en six épisodes qui plongera dans les multiples réalités du marché aux puces de Saint-Ouen. Si chaque recoin de ce lieu me raconte la France dans toute sa complexité c’est aussi par le biais des milliers d’objets qui, mis côte à côte, retracent une certaine Histoire de notre pays. C’est de ce désir de raconter une France d’aujourd’hui qui ne cesse d’être traversée et agitée par son Histoire qu’est née l’idée de « Saint-Ouen ».

Plus que jamais, je souhaite prendre le temps de la recherche, de l’exploration et de la documentation pour partir d’un certain constat du monde qui me servira comme base pour concevoir des fictions inventives et « bigger than life ». Les films et les séries ne me semblent jamais aussi beaux que lorsqu’ils nous font entrevoir la possibilité concrète d’une existence meilleure. »

Patric Chiha

Marrainé par Fleur Albert

« Mes films, jusqu’à maintenant, se situaient toujours un peu en dehors du temps. Je souhaite me confronter aujourd’hui pour la première fois plus directement au « réel », réaliser un film sur notre époque, sur l’ici et maintenant, et requestionner ainsi ma pratique. Je souhaite réaliser un documentaire sur un groupe de jeunes hommes russes qui ont fui a? Istanbul. Et peut-être inventer avec eux une nouvelle manière de se raconter et de raconter le monde présent. »

Pierre Creton et Vincent Barré

Marrainés par Fleur Albert

« La forme prévue de notre projet est celle d’une suite de sept films courts correspondant aux étapes d’un cheminement en différents sites du Pays de Caux, accompagnés du botaniste Mark Brown. Il s’achève dans son jardin paléobotanique où il s’emploie à recréer une forêt primaire d’avant l’apparition des fleurs. Ces films exploreront sous la forme d’observations botaniques les modalités du paysage aujourd’hui : plis, replis, réseau. Une suite de films en forme de carte, à la fois panorama et positionnement que nous voulons rigoureux sur le plan scientifique quand ils restituent la parole de Mark Brown, mais libres quand il s’agit de paysages. À la recherche de plantes indigènes, nous le suivrons dans des lieux délaissés de l’activité humaine qu’il parcourt incessamment (friches industrielles, interstices dans le mitage urbain, terres de la déprise agricole). Grand corps digne d’une figure de Beckett, Il se penche, s’attarde, prélève et note, en murmurant des commentaires sur les spécificités de la plante, son environnement, son biotope et les menaces qui pèsent sur lui. Tantôt tendre, ou introspectif, tantôt amer ou en colère, animé de profondes convictions écologiques et politiques, il livre ses connaissances des plantes et des milieux.

Nous avons jusqu’à maintenant réalisé nos films ensemble avec les moyens du numérique, usant de la facilité de filmer sans compter. Nous souhaitons dans le cadre de Parcours d’auteurs l’associer aux moyens sensibles de la pellicule, revenant à l’origine du cinéma, comme Mark Brown cherche à revenir à l’origine du règne végétal. Ce qui changera également notre pratique, est l’arrivée du jeune chef opérateur Antoine Pirotte formé aux pratiques argentiques. C’est donc une expérience nouvelle qui s’engage à quatre personnes aux vécus très différents, dans un projet au long cours. »

Seydou Cissé

Parrainé par Raphaël Grisey

« En 2021 je réalisais Taamaden (Enfant de la marche), un long-métrage documentaire qui traite l’immigration sous l’angle de la spiritualité à travers mes protagonistes migrants maliens et d’autres origines vivant en Espagne. Au fil de mes allers-retours entre l’Afrique et l’Occident, pendant ce projet d’autres personnages étaient omniprésents, présents en filigrane : leurs femmes.

Restées dans les pays d’origine, elles attendent leurs maris pendant plusieurs années. Plongées dans une attente interminable, ces femmes espèrent le retour incertain du cher aimé. La solitude devient leur compagnon au quotidien. Un sujet sensible dont mes protagonistes évitaient de parler. La mise en fiction s’est dès lors imposée, pour raconter l’un des récits tabous africains qui ne se filme pas a? hauteur de personnes réelles car elles se mettraient en danger, ou ne parleraient tout simplement pas. Aujourd’hui, je souhaite révéler la partie invisible de l’iceberg de l’immigration à travers un projet de fiction intitulé Dakawili (confident intime). Ce nouveau film explore la façon dont ces femmes vivent l’absence à travers les pensées, les prières, les mouvements et les gestes du quotidien, autant de rituels qui finissent par créer un sentiment de présence. Il accompagne un mouvement dans mon parcours : depuis mon premier film Faraw ka Taama (Voyage des pierres), un des axes de mes créations s’articule à un travail de recherche sur les traditions et les spiritualités africaines en lien avec les nouvelles technologies.

En Afrique, principalement au Mali, comment ces femmes sont-elles perçues, jugées et traitées par la société, selon leurs façons de vivre ? Quels sont les rapports entre les épouses des migrants et les autres femmes dans les groupes de tontine, ces associations de femmes autour d’une caisse commune alimentée par des cotisations mensuelles ou? chaque membre encaisse a? tour de rôle ?

La bourse parcours d’auteur, me permettra de travailler en amont avec une co-autrice. Elle me permettra d’avancer non seulement dans le développement de mon tout premier long-métrage fiction, mais aussi de voyager quelques mois au Mali, dans la région de Kayes, une zone de l’immigration par abondance. Ce travail de repérage me permettra d’être près de ces femmes, de comprendre comment fonctionnent les groupes de tontines et de m’imprégner davantage de leur réalité. Surtout les plus secrètes et taboues, celles que l’on n’entend jamais, qu’on n’ose pas aborder, qu’il me semble nécessaire de raconter. »

Gabrielle Culand

Marrainée par Fanny Sidney

« Mes premiers films documentaires se sont particulièrement intéressés à la communauté des travelers, dans laquelle je me suis immergée pendant plusieurs années. Cette jeunesse nomade qui évolue loin des grands centres urbains a rompu avec l’angélisme des routards des années soixante, mais en garde l’attrait pour l’aventure, le besoin impétueux de se frotter au monde et aux gens, de se rattacher au vivant. Elle cherche à s’extirper du consumérisme, remettant en question les idées de progrès et de réussite, avec le désir de faire l’expérience d’une vie plus sauvage. L’approche documentaire de cette communauté ne m’a pas suffi, car je n’arrivais pas sous cette forme à retranscrire précisément ma perception de ce mode de vie. J’ai d’abord rencontré une limite éthique, car je ne pouvais porter à l’écran certaines situations hors la loi sans mettre en danger les personnes que je filmais. D’autre part, la dimension imaginaire de cette communauté demande à mon avis une écriture qui s’affranchit des barrières du Réel. Grâce à la bourse Parcours d’Auteur, je souhaite donc poursuivre le virage que j’ai déjà amorcé vers la fiction en réalisant deux courts-métrages, et déplier l’univers des travelers sous forme d’une trilogie qui me permettra d’explorer trois grandes thématiques de fond :  la fête, le travail itinérant et la vie en communauté. »

Delphine Gleize

Marrainée par Fanny Sidney

« J’aime l’idée de l’expérience physique du nouveau projet, et chaque aventure a été radicalement différente de la précédente. J’estime avoir pris des risques, avoir avancé sous la pluie sans voir qu’il pleuvait, mais le temps passe et j’ai envie d’embrasser au sens propre tous mes tâtonnements précédents en me plongeant à corps perdu dans ce projet, Keraunos, qui tient une place à part dans mon travail. Il ne vient pas à la suite, il questionne ce que j’ai déjà fait et s’inscrit dans une forme nouvelle pour moi, la série. C’est un travail que j’envisage pour l’instant en solitaire, qui doit être nourri de recherches scientifiques, de rencontres déjà provoquées, de pistes à creuser loin de chez moi. Il est aussi exigeant que libre et il est évident que cette aide de Parcours d’auteur se révèle salutaire et décisive dans ma capacité et mon plaisir à envisager ce tournant. Je pensais que les orages étaient la seule peur qui rongeait les nuits des adultes et des enfants tout autant. Que c’était le trait d’union entre les terreurs des tous petits et des presque morts. Je découvre à cet instant, en n’étant ni foudroyée, ni fulgurée, ce qu’est la paralysie par fascination. Je veux désormais m’approcher au plus près de l’orage. Je veux creuser le sillon de la foudre. Qu’ont en commun tous ceux qui s’en relèvent ? De quels mondes inconnus de nous sont-ils les créateurs ?

La foudre donc. Qui fulgure plus qu’elle ne foudroie. Qui ne tue pas tant que ça. Pire encore. Elle laisse un corps meurtri, une âme à genoux, un être contraint à se réinventer. La foudre tue à peine une dizaine de personnes par an et laisse presque deux cents fulgurés. Les fulgurés sont des hommes des femmes des enfants qui sont parcourus, en une fraction de seconde, par près de 100 millions de volts. Ils sont parcourus comme un texte l’est par un lecteur vorace qui les laisse à quatre pattes. Un lecteur impatient et impérieux qui, plus qu’il ne les déchiffre, plonge au fond de leurs entrailles, de leur cerveau, leur révélant une part d’eux-mêmes insoupçonnable. Une étreinte indétectable la plupart du temps. Leur laissant une empreinte qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer.

Plonger dans l’histoire des fulgurés, c’est voyager dans une contrée inconnue… »

Elisabeth Jonniaux

Parrainage collectif

« L'histoire de Khaled nous emmène à la croisée du Procès de Kafka et de l'Etranger de Camus. Je me souviens du vertige existentiel que ces livres m'ont procuré quand je les ai lus pour la première fois. J'ai ressenti ce même sentiment face à l'absurde destin de cet homme, citoyen sans histoire d'une petite ville de Bavière qui, par un accident de l'Histoire, est devenu "l'Étranger", étranger à l'Allemagne, au monde et à lui-même. Aujourd’hui, avec ce projet je veux aller au-delà du seul geste documentaire, approcher le destin de Khaled non seulement comme une trajectoire individuelle tragique, mais comme une allégorie. Pour raconter cette onde de choc, cette métamorphose, ce long glissement vers le l'absurde et la perte de soi, je veux réaliser un objet cinématographique hybride, un essai-fiction émanant du réel.

J'ai entrepris l'écriture d'un deuxième projet : un scénario, provisoirement appelé "Continent noir", inspiré par l'histoire réelle de trois femmes de ménage de la gare du nord. Dans mes documentaires, j’ai beaucoup raconté des luttes menées par des hommes. Cette fois je veux mettre en scène des femmes. J’ai surtout envie de transformer en héroïnes de fiction des femmes immigrées, assignées à des vies souterraines, à des emplois dévalorisés et sous-payés.

L'aide au parcours d'auteur me permettra d'effectuer les recherches et expérimentations nécessaires à la poursuite de ces deux projets. »

Boris Labbé

Parrainé par Charles Ayats

« Après une dizaine d'années de réalisation de courts métrages d'animation expérimentaux, installations vidéo, vidéo-concerts, scénographies et expositions, je continue mon exploration du médium audiovisuel en m'engageant sur le long terme sur deux projets de réalité virtuelle. Le premier projet, Mono no aware, est une œuvre autour de références de l’histoire de l’art japonais, reprenant mon style graphique et cinématographique (boucles, métamorphoses et jeux d'échelle) dans une expérience virtuelle déambulatoire. Le second, Chimères, est une œuvre qui vise le grand public, autour de la relation complexe homme-machine-animal, à l'heure de la sixième extinction de masse... Le projet se situe dans une zone d'interstice, à la frontière entre œuvre VR expérimentale et jeu vidéo, nécessitant une expertise poussée dans le domaine de l’intelligence artificielle. L'aide au parcours d'auteur me permettra de dédier un temps d'écriture à cette seconde œuvre et à son développement (prototypage). Je compte solliciter des experts et de futurs collaborateurs (scientifiques, ingénieurs, artistes) qui pourraient m'aider à trouver le point d'équilibre entre la forme et le fond, en utilisant les technologies d'aujourd'hui, autour d'un sujet si délicat. »

Gaël Lépingle

Parrainage collectif

« Mes deux films précédents (un huis-clos et un retour dans les villages de ma jeunesse) m’ont donné envie de travailler davantage encore sur la question de la « maison » : dans sa doublure ambivalente d’ancrage vers le monde et d’enfermement sur l’intime.

Le premier projet est documentaire, il s’articule autour de la correspondance que j’échange depuis 30 ans avec une amie institutrice à la campagne. Au fil des ans et des visites, j’ai tourné chez elle différentes séquences, qui documentent la vie qui passe (la solitude puis un compagnon, puis un enfant, puis l’enfant qui grandit et s’en va), jusqu’à ce qu’elle prenne la relève et m’envoie elle-même des lettres-vidéo. Il y est beaucoup question des choix de vie, de la peur de passer à côté, de se tromper.

Le deuxième projet est une fiction et concerne une autre sorte de maison, la « maison des habitants » ou maison de quartier. Je veux y observer ce rapport entre intérieur et extérieur, entre ce qui se fabrique dans les relations humaines (les équipes et les habitants) et ce qui vient de l’extérieur et y retourne, parfois de façon violente. C’est une sorte de théâtre avec entrées et sorties de scènes, mais avec un ancrage géographique souvent particulier (périphéries, zones reléguées). J’aime l’ambiance qui y règne, la vaillance d’un esprit « MJC socio-cul » qui paraît désuet alors qu’il s’agit d’un des derniers lieux où du politique peut encore s’inventer concrètement. Et ce terme de « maison » qui fait penser à un refuge, un abri contre les tempêtes, fut-il provisoire. »

Ben Russel

Parrainage collectif

« Après plus de vingt années de mouvement quasi-constant au nom du cinéma, le généreux soutien du Parcours d'Auteur me permettra de disposer du temps et de l'espace nécessaires à une « pratique d’atelier » dans la ville où je vis : Marseille. Il permettra l'accumulation quotidienne d'images 16mm, de sons et de textes qui prendront finalement la forme d'un long métrage expérimental réalisé sur le modèle avant-gardiste du film-journal. Comme une suite à mon dernier court-métrage Against Time, ma subjectivité sera au centre de cette nouvelle œuvre : elle sera le pivot du regard, des sons, des voix, des histoires qui s'assembleront. Après toutes ces années de résistance intentionnelle à devenir un sujet (et surtout pas "le sujet") de mon travail, je dois admettre que j'aborde ce projet avec quelques incertitudes et doutes – mais je suis certain que le fait d'aller volontairement vers la vulnérabilité me mènera vers des questions primordiales et essentielles pour la suite de mon travail d'artiste et de réalisateur. »

Anaïs Volpé

Parrainé par Antoine Barraud

« J’aurais adoré pouvoir dire que je suis arrivée dans le cinéma grâce à un camescope que l’on m’aurait mis entre les mains enfant, me permettant de créer des versions suédées de la Guerre des Etoiles.
Ça aurait été plus classe. Et puis j’admire ceux pour qui le cinéma est une forme innée et qui ont baigné dans les milieux culturels depuis leur enfance, avec tous les codes qui vont avec.
De mon côté, je ne me suis jamais sentie légitime de faire des films mais j’ai commencé à apprendre sur le terrain une fois adulte, en auto-produisant mes premiers projets.
Après quinze ans de travail fait d’urgence et de système-D, la bourse de Parcours d’Auteur m’aidera à essayer d’autres méthodes de travail, sans me sentir dans une urgence de produire par contraintes financières.
Cette bourse me permettra de prendre le temps, pour la première fois, afin d’approfondir mes recherches avant d’écrire mon scénario.
Dans chacun de mes projets, ce qui m’intéresse, ce sont les questions humaines autour de la culpabilité et de la réparation. Comment les gens (se) reconstruisent, même sur un terrain miné.
La bourse m’aidera à travailler sur mon prochain projet en prenant le temps qu’il faut. Projet composé à la fois d’un travail documentaire (audio et/ou vidéo) ainsi que d’un long-métrage de fiction, qui portera sur le rapport à la maternité et ses difficultés. »

Ça?la Zencirci

Marrainée par Fleur Albert

« Je veux faire un film de Kung-fu.

"Mais… Tu es turque, pas chinoise !", me dit-t-on. Eh oui, ce genre-là a des prérogatives strictes, presque d’ordre dogmatique. Il faut que ça soit fait par un asiatique. Et surtout, par un homme. C’est la moindre des choses.

Pourtant, sur le tournage de mon film précédent, Sibel, ma collaboration avec des cascadeurs a ravivé un sentiment puissant en moi, hérité de mon enfance, cette époque où les projections de film d’Arts Martiaux en Turquie avaient provoqué mon désir de Cinéma.

Et ce désir s’incarne aujourd’hui dans mon envie intime de faire mon film d’Auteur Martial.

Je suis à un stade où je ressens le besoin viscéral de ne pas reproduire les schémas narratifs de mes films précédents. J’ai l’ambition d’écrire un grand film. Celui, épique, qui ouvre le sujet, les codes, qui déploie plusieurs personnages tout en les rendant universels, qui rallie le genre et l'intrigue, qui donne la vision d'une femme forte et un regard sur la Turquie aujourd'hui.

Pour moi, c'est une gageure majeure, qui me bouscule dans les questions d'écriture, pour laquelle j’ai le besoin d'être aidée, mais dont l’enjeu m’est essentiel. Il me faut sortir de ma zone de confort, celle où je sais faire des films avec peu, basés sur un seul personnage. J’ai l’intime conviction que ce film, qui sera sans doute mon plus personnel, doit porter mon ambition très haut. Car en me bousculant moi-même, je serai plus en mesure de bousculer la fabrique du cinéma. »

Vladilen Vierny

Parrainé par Nicolas Pariser

« Depuis un certain temps, la trajectoire de mon personnage - un oligarque russe en exil sur la Côte d’Azur - se précise. Mais il a longtemps manqué un point de départ, une raison suffisamment crédible pour que l’homme puisse se retrouver brutalement sans aucun moyen de subsistance. Fin février, l’actualité a rattrapé la fiction. Avec la guerre en Ukraine, certaines grandes fortunes ont tout perdu en quelques jours. Avec ce premier long-métrage, je voudrais retracer la cavale d’un oligarque à travers l’Europe et, en montrant le personnage dans toute sa fragilité, raconter l’effacement d’une vie.
J’arrive aujourd’hui à un moment décisif de mon parcours d’auteur-réalisateur. Après avoir réalisé plusieurs court-métrages et un documentaire, cumulé une expérience professionnelle et personnelle conséquente en Belgique, France, Russie et Ukraine, je voudrais pour ce film mettre en place une méthode de travail particulière de repérages et de casting sauvage en parallèle de l’écriture. Voyant le réel comme un laboratoire d’expérimentations pour la fiction à venir, je voudrais impliquer au plus tôt la diaspora russophone et, tout au long de mes recherches, construire avec les personnes rencontrées les scènes du film. »

Sarah Leonor

Parrainage collectif

« Mon rapport à l’écriture scénaristique a ceci de particulier qu’il est souvent déclenché par un geste filmique en amont. Dans une économie classique de fiction, ce geste, qui consiste à appréhender un sujet d’abord avec une caméra, a disparu au fil des années.  Le tournage de mon dernier film, Ceux de la nuit, réalisé entièrement seule, m’a permis non seulement de renouer avec cette pratique instinctive et personnelle mais aussi de relancer et régénérer l’écriture d’un projet ambitieux que je porte depuis plusieurs années. Un réseau s’est naturellement reconstitué entre des travaux plus ou moins longs ou coûteux à concevoir, mais qui sont profondément interconnectés, et se nourrissent l’un l’autre. L’obtention de l’aide au parcours d’auteur me permet de poursuivre sur cette voie en entreprenant seule au tournage et au montage deux films qui sont connectés à d’autres travaux en cours ou à venir. J’y poursuivrai un travail sur la narration entrepris avec Ceux de la nuit, où j’entremêle fiction et documentaire. Dans chacun de ces deux films se dessine, à travers un paysage donné, le destin d’une femme qu’on ne verra pas, mais dont une image mentale se formera dans l’esprit du spectateur. L’un a pour cadre le paysage de l’Ouest américain, décor d’une fiction en cours de développement. L’autre a pour cadre le paysage vosgien du Ban de la Roche, où a vécu une grand-mère inconnue, objet d’une fiction à venir. »

Camille Fievez

Parrainée par Jean-André Yerlès et Mathieu Rochet

« Après avoir fait mes armes sur YouTube, je voudrais m’extraire de l’économie du web et tenter de conquérir la télévision et le cinéma. Le parcours d’auteur va me permettre de me consacrer pleinement à deux projets : finaliser la bible de ma série Jeunes premières, un faux documentaire sur une classe de théâtre d’un conservatoire parisien et commencer l’écriture d’un scénario de long métrage adapté de mon roman En mode voilà quoi, qui est une comédie qui raconte les mécanismes du harcèlement scolaire du point de vue de la personne qui harcèle. »

Marie Voignier

Parrainée par Jean Robert Viallet

« Depuis le tournage de mon premier long-métrage L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé (2011), je suis restée en contact avec le personnage principal, Michel Ballot, qui me tient informée de la poursuite de ses recherches du Mokélé-Membé (un gros animal inconnu de la science qui vivrait dans les rivières du sud Cameroun et nord Congo). Si la croyance de Michel en l’existence du Mokélé-Mbembé est restée intacte, au fil des années, j’ai pu constater que la certitude de voir un jour de ses propres yeux l’animal s’était émoussée. En écoutant mieux les nombreux récits qu’il a collectés, Michel a commencé à envisager « autrement » l’existence de la bête, peut-être dans « un autre monde », dans un autre état de conscience. Michel a aussi compris qu’il ne pourra jamais voir la bête tout seul. Son apparition devant lui ne pourra se faire qu’avec l’aide des initiés des villages alentours au cours de certaines cérémonies, de rites, peut-être en prenant certaines substances, en tout cas avec un ensemble de pratiques et de gestes qui permettent aux initiés de dialoguer avec les êtres qui ne sont pas là, ou qui ne sont plus là.
Ainsi, ce nouveau film a pour projet de mettre en scène ce tournant spirituel de Michel et les étapes de son parcours qu’on peut qualifier de parcours initiatique. C’est un film sur le cheminement d’un homme blanc qui s’avance à tâtons à travers des schémas spirituels d’une autre culture. Ce qui m’intéresse en particulier, c’est de représenter la résistance que va générer sa démarche. Car c’est une démarche qui constitue une forme d’intrusion, dans un univers qui n’est pas le sien. »

Camille Holtz et Pierre Tremerel

Marrainés par Lucie Borleteau

« Duo de cinéastes, nous nous sommes rencontre?s lors du Master 2 Cine?ma Documentaire de Lussas en 2015. Depuis lors, nous n’avons de cesse de collaborer sur nos projets respectifs. En 2019, nous avons de?cidé d’unir nos forces et nos visions du cine?ma en co-re?alisant un premier film en commun : Miki Zoo (Serbie). De?sormais, nous travaillons ensemble sur une constellation de projets de courts et longs me?trages documentaires que nous souhaitons e?crire et re?aliser a? deux. En 2021, nous avons créé une association de production de cine?ma, Mirmillon, dans le but de regrouper officiellement nos diffe?rents projets et de les co-produire. L'aide au parcours d'auteur nous permettra de travailler sur les trois projets suivants : Tokunoshima (Japon), Mro?wki i Chrystus (Pologne) et La Vallée des Merveilles (France). »

Stéphanie Lansaque et François Leroy

Marrainés par Sophie Fillières

« Pendant 20 ans, nous avons ancré nos films d’animation en Asie. Nous souhaitons aujourd’hui explorer de nouveaux territoires graphiques, narratifs et géographiques.
Une première piste de recherche nous conduira aux États-Unis, dans un futur proche où l’intelligence artificielle et les réseaux sociaux sont devenus omniprésents. Ce projet sera constitué de plusieurs récits courts animés qui pourront exister indépendamment mais également être réunis au sein d’un long métrage en tant que récits enchâssés dans un récit cadre.
Nous y raconterons le désir de femmes et d’hommes issus d’horizons divers de se livrer et se confier, mettant en valeur leur humanité face à la froideur de l’automatisation.
Le second projet que nous souhaitons développer sera tourné en prise de vue réelle. Il nous entraînera en Normandie, et notamment à la mare de Vauville, pour une collection de nouvelles fantastiques contemporaines.
Nous nous réjouissons de la création de l'aide au parcours d'auteur. Elle vient soutenir les auteurs dans une phase primordiale de la création, celle des prémices. Cette aide nous permettra de nous mettre à l'abri pendant un temps des considérations financières, nous offrant du temps mais également une plus grande indépendance vis-à-vis de l'industrie et des producteurs, pour nous laisser aller aux divagations, réflexions, tâtonnements, fausses routes et demi-tours qui nous permettront d'emprunter des chemins nouveaux et de renouveler notre pratique artistique. »

Maud Alpi

Parrainée par Nicolas Pariser

« Après avoir évolué vers une démarche de plus en plus proche du documentaire, je reviens pleinement à la fiction par une porte que je n'osais pas pousser jusqu'à aujourd'hui : celle qui ouvre sur les récits de l'imaginaire - comme on parle de littératures de l'imaginaire en embrassant dans une vaste catégorie la SF et la fantasy, le fantastique et le merveilleux.
J'ai envie de déplier un univers qui s'invitait par effraction dans mes films précédents : chiens magiques et cochons rêveurs, coureuses mutantes, esclaves en fuite, robots sauvages, passages vers d'autres niveaux de réalité, mais aussi légendes urbaines et conspirationisme new age.
Je travaille sur deux récits d'anticipation : un conte pour enfants autour d'un trio enfant/chien/robot ; et une enquête paranoïaque, La course sans fin. Le conte me permet de continuer à écrire pour des animaux non-humains en m'autorisant une vraie amplitude psychique et poétique dans la construction des personnages. L'enquête paranoïaque m'offre un cadre suffisamment codé et rigoureux pour travailler une mise en scène hypnotique et créer des perceptions doucement hallucinées.
Avec ces deux projets je prolonge aussi, sous une forme beaucoup plus ludique, des questionnements post-humanistes qui traversaient Gorge Cœur Ventre, Drakkar et Courir. L'aide au parcours m'offre le temps nécessaire pour me documenter, m'imprégner et mieux me situer dans des genres que j'aborde pour la première fois. »

Vladimir Mavounia-Kouka

Marrainé par Lucie Borleteau

« Depuis plusieurs années, je réalise des films d’animation expérimentant et développant différentes techniques d’animation et rendus graphiques. L’une de ces écritures utilise la rotoscopie qui consiste à transformer une séquence filmée en dessin animé. Avec cette technique, j’ai réalisé des courts-métrages de fictions fantastiques aux sujets personnels, flirtant avec une poésie visuelle crue, destinés à un public averti : La femme à cordes et La bête. Sur ces films, j’ai concentré mon regard sur le corps et le vivant, en ayant le plaisir de collaborer avec chorégraphes, danseurs, comédiens ainsi qu’avec des équipes artistiques et techniques liées à la prise de vue réelle.
Je porte depuis quelques années, un projet de long métrage. Ce thriller fantastique s’intitule Mauvaises dents. Il traite de violences domestiques et questionne leur transmission consciente et inconsciente, en utilisant la métaphore du loup garou. Ce projet me paraît être idéal pour franchir le pas vers la réalisation d’un film en prise de vue réelle. Je vois ce changement de médium comme une continuité dans ma démarche artistique et un aboutissement de mes expériences précédentes.
L’aide au parcours d'auteur serait l’opportunité de libérer un temps de création pour mettre en route l’écriture de ce long métrage. Et en parallèle de ce travail d’écriture, je souhaiterai écrire et réaliser un court métrage qui en découlerait, et qui me permettra de mettre en place le vocabulaire plastique et la mise scène que je souhaiterais développer sur Mauvaises dents. »

Sou Abadi

Parrainée par Jean André Yerlès et Mathieu Rochet

« Il y a des années, je suis allée en Iran pour tourner pendant six mois SOS à Téhéran, mon premier long métrage documentaire. Je pensais en avoir terminé avec l’Iran, un pays où j’étais née, mais où je n’avais pas autant vécu qu’en France. Pour moi, la réalité qu’il convenait de filmer se passait ici, dans l’hexagone. Mais peut-on réellement se défaire des liens de son passé ? Quoi que vous fassiez, il vous attend au coin de la rue.
C’est sans doute ce passé qui m’a poussée à écrire mon premier long-métrage de fiction, Cherchez la femme, et qui me porte, aujourd’hui encore vers des thèmes comme l’immigration, l’intégrisme religieux et la place des femmes dans la société.
Je développe actuellement trois projets ; une comédie musicale qui relate l’histoire de quatre immigrants clandestins, une mini-série suivant des codes des comédies anglaises, au sein de Daech, et l’adaptation d’un conte des Mille et une nuits, fusionnant la tradition du conte oriental et la comédie italienne des années 60.
L’Aide au parcours d’auteur est un précieux soutien pour approfondir mes recherches, m’entourer de consultants et prendre le temps nécessaire pour mener ces projets au bon port. »

Benjamin Papin

Marrainé par Valérie Osouf

« Comme dans mes précédents films, Le Silence est un projet qui questionne la parole et particulièrement celle du récit porté par les personnages. Des personnages qui se racontent, racontent l’autre, écoutent, croient à des histoires qui parfois les sauvent de l’oubli. Après deux ans de recherches et d’enquêtes et après avoir accumulé bon nombre de récits et d’anecdotes à propos des deux territoires qui constituent le théâtre de mon histoire, une cité et un commissariat d’une petite ville de banlieue parisienne modeste, j’ai écrit un traitement de 20 pages. L’histoire d'Amin, policier ambitieux qui retourne dans sa cité natale, a pris forme. Aujourd’hui, je veux faire un pas de côté dans le développement du film et reprendre de manière encore plus approfondie le travail de rencontres, d’immersion et de recueil de la parole, cette fameuse parole, afin de confronter la structure romanesque de mon récit aux mots et aux histoires du réel. »

Rabah Ameur-Zaïmeche

Marrainé par Valérie Osouf

« Je viens de terminer mon septième film, Le gang des bois du temple, qui cherche à présent sa voie dans les festivals et les salles de cinéma. L'écriture du prochain est déjà entamée, intitulé La naufragée du désert. Il est le premier volet d'un nouveau cycle nommé TRIPTYQUE ALGERICAIN, qui durera certainement une dizaine d'années pour aboutir à sa réalisation. Tant de temps s'écoule entre le début de l'écriture d'un film et son exposition au public, qu'il me faut encore beaucoup d'énergie pour me consacrer entièrement à l'œuvre qui m'anime depuis ma tendre enfance.
Pour la parachever, le soutien de Parcours d'auteur sera comme un ballon d'oxygène qui me permettra de rester concentré, loin de l'ambiance actuelle trop souvent morose de la distribution et de l'exploitation des films, et de rebondir dans une atmosphère créatrice et féconde. »

Valérie Massadian

Marrainée par Sophie Fillères

Eyal Sivan

Parrainé par Jean Robert Viallet

« L'aide au Parcours d'Auteur va me permettre de me plonger dans Mémoires Innocentes, un projet polymorphe basé sur mes souvenirs de Khaled, un garçon palestinien qui était mon ami d'enfance et mon voisin à Jérusalem, de 9 à 17 ans. C'est aussi un film sur l'impact de cette relation dans ma carrière de cinéaste israélien en exil. J'entends interroger cette mémoire, à la fois chérie, idéalisée et malmenée afin de narrer à travers elle une histoire du cinéma documentaire, en questionnant les rapports de pouvoir intrinsèques à notre pratique. Ainsi et en dialogue avec mon parrain, je désire déployer une proposition (auto)critique de décolonisation du geste et du regard documentaires. »

Nicolas Pelloille-Oudart

Parrainé par Jérôme Genevray

Il y a quelques années, j'ai décidé de faire évoluer ma carrière afin d'expérimenter de nouvelles formes de narration. Issu du monde du cinéma, j’ai trouvé dans le jeu vidéo un domaine artistique particulièrement prolifique et plein de promesses, comme l’a été autrefois La nouvelle vague. Je me suis reconnu dans cette recherche de la nouveauté, dans l'expérimentation permanente, dans la palette large des possibilités d'expression. Si j'ai sollicité l’aide au parcours d’auteur, c’est pour continuer le processus que j’ai entamé et entrer dans une nouvelle phase d’apprentissage (et de remise en question), pour explorer un peu plus le monde du jeu vidéo. En embrassant les contraintes de ce milieu, pour proposer des concepts originaux, au croisement du cinéma et du jeu. 

 

David Dufresne

Parrainé par Franck Victor et Jérôme Genevray

Des premières radios libres aux fanzines, du journalisme aux premiers webzines, du documentaire interactif au documentaire cinéma, tout mon travail a tourné autour de la quête des formes. Comment mieux raconter le monde ? Par le réel ou la fiction ? L’enquête ou le roman ? Mettre en forme (« informer ») ou raconter ? Après la publication de deux romans ancrés dans le réel, l’un sur les violences policières, l’autre sur les pouvoirs médiatique et politique, j’ai eu envie d’une ultime bifurcation: celle de l’écriture scénaristique de série. Or, pour amorcer ce virage, il faut du temps, il faut des recherches,  avant même le temps de l’écriture ; il faut lire des scénarios par paquet, s’accaparer les codes,  écouter les maîtres, se remettre une nouvelle fois en cause et en jeu, apprendre, suivre des cours — et se projeter dans de nouveaux outils et de nouveaux savoirs.  Grâce à cette aide, cette phase impérative d'apprentissage devient possible. Une étape afin de réfléchir aux formes possibles pour comprendre… quelles formes prendre. Et quels nouveaux chemins emprunter dans mon (sinueux) parcours d’auteur.

 

Louda Ben Salah-Cazanas

Parrainé par Olivier Babinet

Je viens de réaliser mon premier film Le monde après nous, tiré de ma propre histoire, dans un dispositif très léger et financé en dehors du parcours traditionnel. J’envisage maintenant de revenir vers mes premiers amours de cinéma, avec un film dans l’univers du polar.  Mais c’est surtout un film personnel qui s’appuie sur mon regard, mon expérience. J’ai donc commencé à imaginer un film qui se situerait en pleine période électorale pour mettre en lumière plus évidemment la contradiction intérieure de la police. A travers une enquête autour d’un criminel, je veux sonder comment l’influence politique et le sentiment d’impunité peuvent avoir une influence sur l’exercice de leur métier, sur les valeurs qu’ils défendent. M’emparer du polar après avoir réalisé Le monde après nous, est un défi.

Je veux parler de politique, de l’influence qu’elle a immédiatement sur la société en dehors du discours, montrer comment elle agit sur le corps social. La bourse Parcours d’auteur va me permettre de professionnaliser ma démarche et de me plonger dans des recherches afin de d’ancrer dans la réalité une dramaturgie qui me permette d’exprimer mon point de vue et mes obsessions. Mais l’aide va aussi me donner un moment de répit face à la pression de la vie matérielle et d’être pleinement concentré dans mes travaux de pré-écriture et de professionnaliser ma démarche.

 

Damien Manivel

Parrainé par Camille Duvelleroy

Depuis quelques années, en parallèle de mon travail de réalisateur, je me forme à la synthèse sonore et à la composition musicale. Les musiques électro-acoustique et concrète m'ont fait découvrir des pièces longues aux variations si délicates qu'elles donnent la sensation de baigner dans un temps élastique qui n'a ni début ni fin, un présent infini. M'en inspirant, je me suis pris à rêver à une forme cinématographique dans laquelle musique et film s'entrelaceraient de la première à la dernière image, dans un flux ininterrompu. Je sollicite l'aide au parcours d'auteur pour partir à la recherche de cette forme rêvée et m'accompagner dans la conception d'un long-métrage de fiction dont je composerai la musique, un film sur l'adolescence qui s'intitule L'île.

 

Gabriel Harel

Parrainé par Jérôme Genevray et Franck Victor

J’ai réalisé deux courts métrages d’animation pour lesquels j’ai tourné avec des comédiens en décors naturels afin de m’inspirer d’une matière de prise de vues et de prises de sons pour ensuite réaliser l’animation. Dans la continuité de cette démarche de combiner prise de vue réelle et animation, j’envisage maintenant d’écrire et réaliser deux long-métrages, une fiction de comédie de sport (en prise de vue réelle) et un film d’animation de genre fantastique pour adulte. La fiction sera écrite dans un esprit “bande-dessinée”, avec un plaisir du burlesque, de liberté absurde ou de personnages caricaturés. Elle comportera aussi des petites scènes animées et des clins d'œil au comics, manga ou à la bande dessinée. Le long-métrage d’animation sera lui écrit et réalisé dans une continuité de La Nuit des Sacs Plastiques, inspiré de films fantastiques en prise de vue réelle.

Pour ce long et ambitieux travail d’écriture, j’ai demandé l’aide au parcours d’auteur.

 

Philippe Ramos

Parrainé par Vergine Keaton

Soudain, tout s’est arrêté. Le travail de cinéma suivait son cours et, brusquement, quelque chose est survenu : une fissure, un accident. C’est comme si la machine cinéma, ma machine cinéma, s’était enrayée et n’avait pu donner à voir qu’un film aux images immobiles. Ce film, c’est mon dernier long métrage, Les Grands Squelettes. Je vois ce film comme un coup d’arrêt dans mon trajet de cinéaste. Depuis cette radicale expérience, l’écriture ne va plus de soi.

Aujourd’hui, j’ai besoin du temps de l’atelier pour repenser les fondations de ma maison cinéma. Essais, tentatives, reprise : la demande que je vous adresse, est une aide à prendre le temps de l’esquisse, des tâtonnements, des fausses routes… Une aide au temps de l’expérience où il s’agira de faire mûrir certaines formes aperçues il y a bien longtemps dans mes films Super 8, ou timidement entrevues dans mes longs métrages récents. Pour cela, il me faudra reprendre des pistes inexplorées et les mettre à l’épreuve de trois projets qui, tous, sont des terreaux possibles à l’émergence d’une nouvelle manière d’écrire et de réaliser mes films. Le premier de ces projets, L’or, sera un travail de found footage. Le suivant, Super Super 8 sera la transformation d’un scénario existant en un scénario-collage. Ces deux cessions de travail seront des champs d’expérimentations qui me permettront d’écrire un traitement pour un troisième projet ambitieux, un film-monde, La Ville Sexuelle.

 

Cécile Allegra

Parrainée par Franck Victor

Depuis cinq ans, mon parcours de documentariste a bifurqué vers le scénario et la fiction. J'ai écrit deux long métrages et plusieurs bibles de série. Mon troisième long - qui raconte l'histoire de la rencontre entre une femme et un cerf - constitue une rupture dans mon parcours à bien des égards : après avoir exploré pendant des années la relation de l'homme à la guerre et l'origine du mal, je veux maintenant travailler sur la relation avec le vivant autre que l'humain. Mes recherches préparatoires à l'écriture, soutenues par le dispositif Parcours d'auteur, porteront donc sur notre relation émotionnelle à la nature et de l'animalisme comme une éthique non pas à part - mais englobant l'humanisme.

 

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval

Parrainés par l’ensemble de la commission

Nous vivons une époque d’accélération permanente. Les technologies numériques permettent aux cinéastes de travailler dans leurs vitesses propres. Mais les montages financiers des films sont souvent tellement longs. Le temps est devenu l'allié principal de nos projets. Avoir le temps de prendre le temps. De travailler sur le temps, avec le temps, sur ce que deviennent les images, d’où elles nous arrivent, vers où elles se déplacent. Archives, documentaire, fiction, science-fiction. Cette aide du Parcours d’Auteur est une aide extrêmement innovante et précieuse pour les cinéastes. Elle va nous permettre de continuer de penser (et à filmer), à repérer (et à filmer), à rencontrer (et à filmer), à écrire (et à filmer), un film d’anticipation en trois mouvements, ou deux films, ou trois films, qui se passent en 2019, 2023 et 2040, sur la lande de Calais. Où une guerre a été menée par une géographie de la domination contre une géographie de l’émancipation. La ville détruite, enfouie sous les collines de sable, continue à hanter le territoire, comme un cimetière indien.    

        

Laure Portier

Parrainé par Axelle Ropert

Le parcours d’artiste me permet de me mettre au travail sur un projet que j’ai en tête depuis longtemps. Un film qui aura une forme assurément fictionnelle. Mais dont j’aimerai trouver sa propre grammaire, de celle qui aura pris le temps d’épouser l’histoire, comme si le réel en dépendait. C’est une histoire de liens, de ce qui fait lien, sur ce qui empêche aussi de faire lien. Je m’interroge, surtout depuis Soy Libre, mon premier long-métrage, sur l’exercice du regard. Je me suis persuadée, dès son écriture, que la manière dont on pose son regard sur une chose, une situation ou un être peut en changer sa forme, voire sa trajectoire.

Je vais donc reprendre depuis cette préoccupation première. 

Si je présuppose que le fait de poser son regard sur quelque chose peut en changer la forme. Que se passe-t-il si ce regard n’est jamais posé ? Que se passe-t-il si tout ce que l’on ressent est nié ? Comment vit-on ou plutôt comment survit-on face au déni ?

Ce sera l’histoire d’une mauvaise mère.

Julien Faraut

Parrainé par Anne Georget

Je m'intéresse depuis de nombreuses années aux archives cinématographiques du sport et aux relations qui unissent plus largement sport et cinéma. Leurs origines communes, leur enfance partagée, la constance de leur lien, avec entre autres points de convergence les questions de durée, de mouvement ou de dramaturgie. Après Regard neuf sur Olympia 52, L’Empire de la perfection et Les Sorcières de l’Orient, je souhaite poursuivre ce travail personnel de réemploi des archives cinématographiques et de liberté formelle afin de proposer une alternative singulière aux documentaires télévisuels malheureusement trop souvent standardisés. Cette fois-ci le défi est de réaliser un film sensible et non didactique sur un sujet requérant de nombreux contenus scientifiques, la plasticité cérébrale, l’imagerie mentale, le sens du mouvement, les neurones miroirs ou comment les athlètes de haut niveau qui par la répétition atteignent des sommets de perfection gestuelle nous renseignent sur l’évolution humaine.

Nicolas Pelloille-Oudart

Parrainé par Jérôme Genevray

Il y a quelques années, j'ai décidé de faire évoluer ma carrière afin d'expérimenter de nouvelles formes de narration. Issu du monde du cinéma, j’ai trouvé dans le jeu vidéo un domaine artistique particulièrement prolifique et plein de promesses, comme l’a été autrefois La nouvelle vague. Je me suis reconnu dans cette recherche de la nouveauté, dans l'expérimentation permanente, dans la palette large des possibilités d'expression. Si j'ai sollicité l’aide au parcours d’auteur, c’est pour continuer le processus que j’ai entamé et entrer dans une nouvelle phase d’apprentissage (et de remise en question), pour explorer un peu plus le monde du jeu vidéo. En embrassant les contraintes de ce milieu, pour proposer des concepts originaux, au croisement du cinéma et du jeu. 

 

David Dufresne

Parrainé par Franck Victor et Jérôme Genevray

Des premières radios libres aux fanzines, du journalisme aux premiers webzines, du documentaire interactif au documentaire cinéma, tout mon travail a tourné autour de la quête des formes. Comment mieux raconter le monde ? Par le réel ou la fiction ? L’enquête ou le roman ? Mettre en forme (« informer ») ou raconter ? Après la publication de deux romans ancrés dans le réel, l’un sur les violences policières, l’autre sur les pouvoirs médiatique et politique, j’ai eu envie d’une ultime bifurcation: celle de l’écriture scénaristique de série. Or, pour amorcer ce virage, il faut du temps, il faut des recherches,  avant même le temps de l’écriture ; il faut lire des scénarios par paquet, s’accaparer les codes,  écouter les maîtres, se remettre une nouvelle fois en cause et en jeu, apprendre, suivre des cours — et se projeter dans de nouveaux outils et de nouveaux savoirs.  Grâce à cette aide, cette phase impérative d'apprentissage devient possible. Une étape afin de réfléchir aux formes possibles pour comprendre… quelles formes prendre. Et quels nouveaux chemins emprunter dans mon (sinueux) parcours d’auteur.

 

Louda Ben Salah-Cazanas

Parrainé par Olivier Babinet

Je viens de réaliser mon premier film Le monde après nous, tiré de ma propre histoire, dans un dispositif très léger et financé en dehors du parcours traditionnel. J’envisage maintenant de revenir vers mes premiers amours de cinéma, avec un film dans l’univers du polar.  Mais c’est surtout un film personnel qui s’appuie sur mon regard, mon expérience. J’ai donc commencé à imaginer un film qui se situerait en pleine période électorale pour mettre en lumière plus évidemment la contradiction intérieure de la police. A travers une enquête autour d’un criminel, je veux sonder comment l’influence politique et le sentiment d’impunité peuvent avoir une influence sur l’exercice de leur métier, sur les valeurs qu’ils défendent. M’emparer du polar après avoir réalisé Le monde après nous, est un défi.

Je veux parler de politique, de l’influence qu’elle a immédiatement sur la société en dehors du discours, montrer comment elle agit sur le corps social. La bourse Parcours d’auteur va me permettre de professionnaliser ma démarche et de me plonger dans des recherches afin de d’ancrer dans la réalité une dramaturgie qui me permette d’exprimer mon point de vue et mes obsessions. Mais l’aide va aussi me donner un moment de répit face à la pression de la vie matérielle et d’être pleinement concentré dans mes travaux de pré-écriture et de professionnaliser ma démarche.

 

Damien Manivel

Parrainé par Camille Duvelleroy

Depuis quelques années, en parallèle de mon travail de réalisateur, je me forme à la synthèse sonore et à la composition musicale. Les musiques électro-acoustique et concrète m'ont fait découvrir des pièces longues aux variations si délicates qu'elles donnent la sensation de baigner dans un temps élastique qui n'a ni début ni fin, un présent infini. M'en inspirant, je me suis pris à rêver à une forme cinématographique dans laquelle musique et film s'entrelaceraient de la première à la dernière image, dans un flux ininterrompu. Je sollicite l'aide au parcours d'auteur pour partir à la recherche de cette forme rêvée et m'accompagner dans la conception d'un long-métrage de fiction dont je composerai la musique, un film sur l'adolescence qui s'intitule L'île.

 

Gabriel Harel

Parrainé par Jérôme Genevray et Franck Victor

J’ai réalisé deux courts métrages d’animation pour lesquels j’ai tourné avec des comédiens en décors naturels afin de m’inspirer d’une matière de prise de vues et de prises de sons pour ensuite réaliser l’animation. Dans la continuité de cette démarche de combiner prise de vue réelle et animation, j’envisage maintenant d’écrire et réaliser deux long-métrages, une fiction de comédie de sport (en prise de vue réelle) et un film d’animation de genre fantastique pour adulte. La fiction sera écrite dans un esprit “bande-dessinée”, avec un plaisir du burlesque, de liberté absurde ou de personnages caricaturés. Elle comportera aussi des petites scènes animées et des clins d'œil au comics, manga ou à la bande dessinée. Le long-métrage d’animation sera lui écrit et réalisé dans une continuité de La Nuit des Sacs Plastiques, inspiré de films fantastiques en prise de vue réelle.

Pour ce long et ambitieux travail d’écriture, j’ai demandé l’aide au parcours d’auteur.

 

Philippe Ramos

Parrainé par Vergine Keaton

Soudain, tout s’est arrêté. Le travail de cinéma suivait son cours et, brusquement, quelque chose est survenu : une fissure, un accident. C’est comme si la machine cinéma, ma machine cinéma, s’était enrayée et n’avait pu donner à voir qu’un film aux images immobiles. Ce film, c’est mon dernier long métrage, Les Grands Squelettes. Je vois ce film comme un coup d’arrêt dans mon trajet de cinéaste. Depuis cette radicale expérience, l’écriture ne va plus de soi.

Aujourd’hui, j’ai besoin du temps de l’atelier pour repenser les fondations de ma maison cinéma. Essais, tentatives, reprise : la demande que je vous adresse, est une aide à prendre le temps de l’esquisse, des tâtonnements, des fausses routes… Une aide au temps de l’expérience où il s’agira de faire mûrir certaines formes aperçues il y a bien longtemps dans mes films Super 8, ou timidement entrevues dans mes longs métrages récents. Pour cela, il me faudra reprendre des pistes inexplorées et les mettre à l’épreuve de trois projets qui, tous, sont des terreaux possibles à l’émergence d’une nouvelle manière d’écrire et de réaliser mes films. Le premier de ces projets, L’or, sera un travail de found footage. Le suivant, Super Super 8 sera la transformation d’un scénario existant en un scénario-collage. Ces deux cessions de travail seront des champs d’expérimentations qui me permettront d’écrire un traitement pour un troisième projet ambitieux, un film-monde, La Ville Sexuelle.

 

Cécile Allegra

Parrainée par Franck Victor

Depuis cinq ans, mon parcours de documentariste a bifurqué vers le scénario et la fiction. J'ai écrit deux long métrages et plusieurs bibles de série. Mon troisième long - qui raconte l'histoire de la rencontre entre une femme et un cerf - constitue une rupture dans mon parcours à bien des égards : après avoir exploré pendant des années la relation de l'homme à la guerre et l'origine du mal, je veux maintenant travailler sur la relation avec le vivant autre que l'humain. Mes recherches préparatoires à l'écriture, soutenues par le dispositif Parcours d'auteur, porteront donc sur notre relation émotionnelle à la nature et de l'animalisme comme une éthique non pas à part - mais englobant l'humanisme.

 

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval

Parrainés par l’ensemble de la commission

Nous vivons une époque d’accélération permanente. Les technologies numériques permettent aux cinéastes de travailler dans leurs vitesses propres. Mais les montages financiers des films sont souvent tellement longs. Le temps est devenu l'allié principal de nos projets. Avoir le temps de prendre le temps. De travailler sur le temps, avec le temps, sur ce que deviennent les images, d’où elles nous arrivent, vers où elles se déplacent. Archives, documentaire, fiction, science-fiction. Cette aide du Parcours d’Auteur est une aide extrêmement innovante et précieuse pour les cinéastes. Elle va nous permettre de continuer de penser (et à filmer), à repérer (et à filmer), à rencontrer (et à filmer), à écrire (et à filmer), un film d’anticipation en trois mouvements, ou deux films, ou trois films, qui se passent en 2019, 2023 et 2040, sur la lande de Calais. Où une guerre a été menée par une géographie de la domination contre une géographie de l’émancipation. La ville détruite, enfouie sous les collines de sable, continue à hanter le territoire, comme un cimetière indien.    

        

Laure Portier

Parrainé par Axelle Ropert

Le parcours d’artiste me permet de me mettre au travail sur un projet que j’ai en tête depuis longtemps. Un film qui aura une forme assurément fictionnelle. Mais dont j’aimerai trouver sa propre grammaire, de celle qui aura pris le temps d’épouser l’histoire, comme si le réel en dépendait. C’est une histoire de liens, de ce qui fait lien, sur ce qui empêche aussi de faire lien. Je m’interroge, surtout depuis Soy Libre, mon premier long-métrage, sur l’exercice du regard. Je me suis persuadée, dès son écriture, que la manière dont on pose son regard sur une chose, une situation ou un être peut en changer sa forme, voire sa trajectoire.

Je vais donc reprendre depuis cette préoccupation première. 

Si je présuppose que le fait de poser son regard sur quelque chose peut en changer la forme. Que se passe-t-il si ce regard n’est jamais posé ? Que se passe-t-il si tout ce que l’on ressent est nié ? Comment vit-on ou plutôt comment survit-on face au déni ?

Ce sera l’histoire d’une mauvaise mère.

Julien Faraut

Parrainé par Anne Georget

Je m'intéresse depuis de nombreuses années aux archives cinématographiques du sport et aux relations qui unissent plus largement sport et cinéma. Leurs origines communes, leur enfance partagée, la constance de leur lien, avec entre autres points de convergence les questions de durée, de mouvement ou de dramaturgie. Après Regard neuf sur Olympia 52, L’Empire de la perfection et Les Sorcières de l’Orient, je souhaite poursuivre ce travail personnel de réemploi des archives cinématographiques et de liberté formelle afin de proposer une alternative singulière aux documentaires télévisuels malheureusement trop souvent standardisés. Cette fois-ci le défi est de réaliser un film sensible et non didactique sur un sujet requérant de nombreux contenus scientifiques, la plasticité cérébrale, l’imagerie mentale, le sens du mouvement, les neurones miroirs ou comment les athlètes de haut niveau qui par la répétition atteignent des sommets de perfection gestuelle nous renseignent sur l’évolution humaine.

Simon Panay
Parrainé par Alain Gagnol
Je réalise des documentaires en Afrique de l'Ouest depuis dix ans, en me concentrant ces dernières années sur le monde fascinant des mines d'or artisanales. Je viens d'achever mon premier long-métrage documentaire « Si tu es un homme », qui a été tourné pendant deux ans dans une mine du Burkina-Faso et qui sortira en salles en fin d'année. J'ai aujourd'hui la volonté d'explorer de nouvelles façons de restituer le réel, en développant plusieurs projets de fiction. L'aide au parcours d'auteur m'offrira du temps, pour que je puisse me consacrer pleinement à l'écriture de certains projets, dont l'adaptation d'un roman. 

Marion Le Corroller
Marrainée par Delphine de Vigan
Après des études de Finance Internationale, Marion Le Corroller prend un virage à 360° et retourne sur les bancs de l'école pour apprendre l’écriture scénaristique. Durant cette période, elle écrit et réalise deux courts-métrages produits, présentés dans de nombreux festivals français et internationaux. L’aide au parcours d’auteur représente un vrai tournant dans sa jeune carrière d’auteure-réalisatrice et va lui permettre de développer deux projets de genre. Un premier long-métrage, NECTAR, qui raconte l’histoire de Margot, une jeune interne en rupture avec sa famille et traversant une crise identitaire majeure, qui peu de temps après son arrivée à l’hôpital tombe mystérieusement malade. Et le second, LA MARÉE, une série 8x52 minutes qui revisite le mythe du western en s’intéressant à l’exploitation de sang humain comme nouvel or rouge. Parrainée par Delphine de Vigan, cette année s’annonce donc riche en écritures et incontestablement…sanglante !

LaurieAnne Courson
Parrainée par Alain Gagnol
Je m'autorise enfin à sortir de ma zone de confort et à expérimenter de nouvelles pistes d'écriture, à un moment de mon parcours où l'envie de raconter autrement devenait impérieux. Ce cinéma que je cherche, je vais pouvoir le nourrir de rencontres, d'ateliers et de collaborations pour explorer un univers méconnu, l'animation au service du réel. En ce sens, le compagnonnage d'Alain Gagnol est précieux. Car dans les deux projets documentaires que je développe, et qui ont pour point commun de convoquer le passé, la liberté et l'océan, je m’interroge : comment éclairer mes histoires des zones d'ombre de l'Histoire ?

Marine Atlan
Marrainée par Delphine de Vigan
Après plusieurs années à avoir été directrice de la photographie, je passe désormais à l’écriture de mon premier long-métrage. J’aime accompagner un réalisateur, rencontrer l’autre et me mettre au service de son imaginaire. Alors pourquoi ne pas en rester la? ? La multiplication des regards pourrait me suffire et pourtant, il y a des récits que les autres ne racontent pas, des obsessions que je ne retrouve que chez moi. Les notions d’impuissance et d’illégitimité, le courage, la honte et le rapport entre le corps collectif et l’individu se nichent dans tous les courts que j’ai réalisés. Après une longue phase de tournage pour les autres, je ressens le besoin de prendre du temps pour développer mes projets. La bourse Parcours d’Auteur me permettra d’écouter ce désir et de poursuivre cet élan en me consacrant à l’écriture. Je suis depuis toujours fascinée par Pompéi, j’ai l’impression que s’est rejoué la?-bas, lors de l’éruption du Vésuve en 79, ce qui m’a émue enfant dans la découverte de la photographie. Les cendres ont agi comme le bromure d’argent. Elles ont capture? un instant. Avec La Gradiva, j’aimerais revenir dans cette ville de fantômes en 2023 au cours d’un voyage scolaire de lycéens. Je veux avec ce film éprouver à leurs côtés la violence d’un monde qui promet aux enfants une égalité? qui n’est que mirage, mais aussi la capacite? de re?sistance de tout corps vivant et de tout esprit libre.

Serhat Karaaslan
Parrainé par l’ensemble de la commission
L'aide au parcours d'auteur est une grande chance. C'est non seulement un soutien financier important, qui me permettra de développer et réaliser mes projets, c'est aussi la possibilité pour moi d’avancer sereinement dans le paysage cinématographique français et européen. Cet accompagnement, à ce moment de ma carrière et de ma vie personnelle, est précieux puisqu'il assure une légitimité et une faisabilité nouvelles aux envies et aux intentions cinématographiques que je projette. Il est d'autant plus bénéfique qu'il prévoit des échanges de qualité avec des membres de la commission qui ont confiance dans mon travail, dans mes films à venir.

Hassen Ferhani
Parrainé par Lucien Jean-Baptiste
Aujourd’hui, après deux longs métrages, je veux sonder d’autres gestes filmiques, Je cherche a? approfondir toutes les voies du « mentir vrai » comme disait Aragon. C’est ce que j’ai esquisse? dans mes premières œuvres en m’efforçant de casser le mur dresse? entre documentaire et fiction. Tirer la réalité? de l’imaginaire et la fiction de la vérité. A? ce propos, il y a le titre de ce film qui me fascine : L’invraisemblable vérité?. Il résume, je crois, tout ce qu’est le cinéma, comme d’autres arts, d’ailleurs, la littérature en particulier. Et je pense par exemple a? ce haïku de Kiarostami :
« J’ai photographie? un arbre
Il a rougi
Vous n’êtes pas obligés de me croire. »
Je sens que je suis a? un tournant. Jusque-là, j’ai surtout injecte? de la fiction dans mes documentaires. Je ne dirais pas que je voudrais maintenant introduire du documentaire dans des films de fiction. Je ne pense pas, non plus, abandonner le documentaire. Mais le désir est la?, fort et profond, l’envie tenace de construire un univers filmique, de diriger des comédiens, de suivre une trame narrative, de créer une atmosphère.
Aujourd’hui, un nouveau projet devient une nécessité pour moi, celui de trouver un vocabulaire cinématographique diffèrent.

Maxence Voiseux
Marrainé par Dominique Cabrera
En réalisant mes premiers films, j’ai commencé tout juste à approcher les personnages de l’Artois. Ces films ne furent qu’un premier geste et le début d’une réflexion sur le monde populaire. Je continue de creuser ce sillon autour de deux personnages : Gabin et Pim, deux histoires où fiction et documentaire se croisent. Leurs récits se regardent, se nourrissent, se contredisent et se complètent. Ils sont deux regards de cinéma sur l’Artois, sur la jeunesse populaire contemporaine et sur deux gamins en révolte contre le déterminisme.

Hélène Ricome
Parrainée par Nicolas Peufaillit
Depuis plus de cinq ans, je suis obsédée par une image, une représentation collective, celle où la femme est créée à partir de la côte de l’homme. Je ne la supporte pas et dans le même temps elle ne me quitte pas. J’en rêve, elle a déclenché des lectures, des recherches iconographiques, des essais filmiques et des rencontres avec des exégètes … Elle s’est immiscée dans ma vie et s’est placée au centre de mes désirs de films.
L’aide au parcours d’auteur va me permettre, je l’espère, de transformer cette obsession en réalisant un long métrage entre fiction et documentaire et une série de courts objets filmiques à destination des galeries, des centres d’art et des musées.

Olivier Derousseau
Marrainé par Marie Losier
Cette aide substantielle au parcours d'auteur permettra cette année, d'une part, de partir en Cisjordanie, à Jérusalem, mais aussi Haïfa, Saint Jean d'Acre et Nazareth, afin de commencer à construire le contrechamp à l'enregistrement d'un poème de Mahmoud Darwich, « Et la terre se transmet comme la langue », effectué au mois de mai 2021, pendant le confinement, sur le plateau du Théâtre de Gennevilliers. Arpenter ce territoire morcelé afin d'y repérer la possibilité de fabriquer des plans images et des plans sonores ; trouver au "milieu de ce monde" si tourmenté une assise nécessaire, du temps pour la recherche et les rencontres ; imaginer un tissu dialectique pour offrir à ce texte, par les moyens du cinéma, une ouverture vers sa contemporanéité, une résonance. D'autre part, ayant séjourné plusieurs fois en compagnie d'un groupe de musique expérimentale composé de jeunes adultes autistes, les Harry's, cette aide aidera aussi à approfondir l'écriture d'un film à venir à propos de musique improvisée et d'énergie collective.

Raphaelle Rio
Parrainée par l’ensemble de la commission
L’accompagnement et la bourse du parcours d’auteur m’offrent le cadre idéal pour me consacrer pleinement à deux projets de longs-métrages : l’un documentaire à partir d’archives familiales, autour de l’histoire de mon père ; l’autre de fiction, autour d’une femme et de sa fille, le temps d’un été. Je vais pouvoir continuer d’enquêter et d’écrire, travailler en amont avec les comédiennes, me mettre en quête de producteur.ices.
Bien que d’approches distinctes, mes deux projets sont traversés par les mêmes questions de transmission familiale et de silence. Et je souhaite les aborder avec le même soin du réel et des émotions. Pour chacun d’eux, je chercherai une écriture où la vie personnelle résonne avec une dimension politique.

Margherita Caron
Parrainée par l’ensemble de la commission
« Le cinéma est une encre de lumière » disait Jean Cocteau. L'Italie de mon enfance a été cette encre pour moi.
Depuis mes premiers films, je m’intéresse aux invisibles de l'histoire, à l'esprit des lieux et à la mémoire, aux frictions entre passé et présent, entre rêve et réalité, documentaire et fiction.
Une année de plomb réunit plusieurs enjeux à un moment charnière de mon parcours et de ma pratique : écrire et réaliser un premier long-métrage autour d'un épisode hors-normes de mon histoire familiale. Un enlèvement.
Longtemps, j'ai cherché comment raconter cette histoire et comment l'incarner dans sa juste forme cinématographique. Je veux créer un jeu narratif, visuel et sonore par un va-et-vient poreux et rythmé entre fiction et documentaire, passant d'une affaire médiatique à la radiographie intime d'un homme, de la petite à la grande histoire.
C’est un projet ambitieux et de longue haleine, qui implique un travail transversal en parallèle à l'écriture et la collaboration de nombreux intervenants. L'Aide au parcours d'auteur et l'accompagnement des membres du jury va me permettre de me consacrer entièrement à son développement et d'achever un premier traitement pour convaincre des producteurs à s'embarquer dans cette aventure. Cette aide représente pour moi un soutien inestimable pour continuer ce travail, le faire aboutir, porter ce film jusqu’au premier jour de tournage.

Vincent Le Port
Parrainé par Lucien Jean-Baptiste
Je cherche à raconter l’histoire d’une ville sans histoire, Saint-Grégoire, la ville de mon enfance, une cité-dortoir où 10 000 habitants vivent leurs vies sans histoires. La bourse Parcours d'auteur va me permettre d’élaborer sur le long terme une écriture qui entremêlera l’intime et le collectif, mon histoire personnelle et une Histoire plus globale, celle qui a vu en cinquante ans des champs et des fermes devenir des lotissements et des zones commerciales. En fouillant le passé de cette ville qui en a fait table rase, en cherchant des histoires à des gens qui s’en préservent, je vais notamment aborder deux genres cinématographiques qui me sont jusqu’à présent étrangers : l’essai documentaire et le film d’archives.

Sara Rastegar
Marrainée par Marie Losier
Après avoir réalisé plusieurs films documentaires en relation avec l’Iran, mon pays d’origine, cette bourse va me permettre de mener une recherche en amont de l’écriture d’un projet de long métrage de fiction qui s’inspire d’un évènement fondateur dans mon parcours de cinéaste.
C’est l’histoire d’une tragédie familiale, un accident, qui a eu lieu en Iran au même moment qu’une catastrophe naturelle, un séisme dévastateur.
D’un côté, le récit de cet accident sera mis en scène autour d’un huis clos familial habité par une problématique morale forte car il s’agit de décider du sort d’un coupable. De l’autre, le récit du séisme est révélé à travers des images d’archives personnelles que j’ai filmé en Iran lors de mes précédents voyages.
Cette bourse va accompagner un travail de recherche et d’écriture afin d’articuler au sein d’un scénario de fiction hybride, ces deux évènements parallèles qui racontent ensemble la dislocation et les failles d’une trajectoire familiale marquée par l’exil.

Laurent Bazin
Parrainé par Nicolas Peufaillit
Pour l’écriture de mes prochains projets immersifs, je souhaite explorer les mécanismes du jeu vidéo, du jeu de rôle, du sado-masochisme et plus globalement toutes les pratiques où le « je » emprunte un masque qu’il soit réel ou numérique, pour devenir un « autre ».
Je souhaite travailler sur les énergies libérées par le recours à un avatar, qu’elles soient lumineuses ou violentes ; examiner comment la médiation d’un tiers personnage peut nous révéler des choses qui nous échappaient sur nous-mêmes.
Cette plongée relève autant de l’écriture fictionnelle que d’une quête aventureuse, aux frontières de l’art et de la vie. L’aide au parcours d’auteur, me permet ainsi d’épouser de nouveaux risques et d’engager une recherche en profondeur dont les enjeux innervent tout le nouveau cycle d’écriture que j’engage aujourd’hui.

Manuela Frésil
Marrainée par Dominique Cabrera
J’ai passé un mauvais été.         
Dans la maison des cévennes où je vis la plupart du temps, semaines solitaires interrompues par mes descentes régulières au village où vivent de vieux punks encore un peu tox - ici on les appelle les « assistés » autant dire les  « parasites» -, ont déboulé à la maison une dizaine de « jeunes gens » qui nous ont regardé, nous les darons, comme des gens d’un autre temps.
Les copains réparaient ma bagnole. Je faisais la popote, un gigot car ce soir-là c’était banquet.
Mais les jeunes gens sont véganes et nous ont dit :
« - Décidément votre génération n’a pas rien compris aux systèmes de domination. Primo : toi bien sûr dans la cuisine ! Deuzio sur les personnes non humaines : le mouton de ce gigot.
- C’est une brebis du voisin !
- On ne voit pas le rapport. Pourquoi manger des animaux alors qu’on peut s’en passer.»
Les gars sont rentrés au village. Les jeunes gens ont pris possession de ma cuisine et m’ont piqué ma bagnole. Je suis retournée au jardin m’occuper des tomates. Je connais les dits « jeunes gens » depuis l’enfance. Tou.te.s sont nées filles et déclarées ainsi à l’état civil.
Aujourd’hui certain.e.s le contestent. Ni fille, ni garçon et pour certain.e.s « garçons lesbiens », fluide de genre," iels" sont "non cis". Moi si : Mon identité de genre correspond à la personne que je crois être. En écho aux jeunes gens, j’invente un nouveau film et une nouvelle façon de travailler. Un film qui construit une utopie au cœur duquel une femme à barbe et son époux vivent une histoire d'amour folle.
Cette uchronie, s'appuie sur le récit véridique de deux personnes intersexuées ayant vécues à la charnière du XIX et du XXème siècle, ainsi que sur l'ethnologie rurale. C'est une fable aventureuse, qui mêle le documentaire et la fiction pour rendre compte du destin collectif d’ «êtres » aux corps non conformes aux exigences de leur époque . En cela je rejoins les jeunes gens.

 

10 décembre 2025

Lumière sur le tournage de « Champagne Problems »

Alors que le film connaît un succès mondial sur Netflix, le producteur français Gaël Cabouat, cofondateur de FullDawa Films, nous raconte comment sa société a accompagné cette production américaine, notamment...