1er Rendez-vous du court : entretien Jérôme Dopffer et Julia Ducourneau

25 octobre 2012

Jérôme Dopffer – Producteur chez Balthazar et Président de la commission des contributions financières cette année :
 
Faire un film, c’est inventer un prototype et le court métrage offre un vrai espace de liberté. Ce que je cherche quand je lis un projet, c'est la défense d'un point de vue, d'un regard, d'une originalité, d'une audace, mais aussi d'une justesse, d'une sincérité. J'essaye de repérer, dans tous les genres et les formats, des personnalités fortes et ainsi sentir dans les projets une promesse de cinéma et une identité artistique singulière.   Les  principales aides du CNC sont basées sur le scénario.  Il n’est pas toujours simple de déterminer le bon moment pour déposer son projet. Le mieux est de déposer son projet au CNC au moment où l’on sent que le projet se rapproche vraiment du film à faire. Et il est sans doute important d’avoir fait lire le projet à d’autres personnes pour mesurer si le film est mûr. Il faut savoir faire lire, savoir écouter et savoir retravailler, se remettre en question...  Parfois, on écrit 17 versions parfois 4, il n'y a pas de règles. Le plus dur est aussi de savoir abandonner et redémarrer un nouveau projet. Faire un film est parfois un métier de sprinteur mais le plus souvent, c'est une course de marathonien. J'ai le sentiment aussi que la difficulté, pour un premier film, est de réussir à être profond et radical sans pour autant sombrer dans la profusion d'idées... La précision, l'économie d'idée, l'exigence d'un point de vue sont autant de qualités que j'aime percevoir dans un projet.  Solliciter le CNC avec un producteur déjà associé au projet n’est pas une condition sine qua non pour obtenir une aide (un producteur est nécessaire pour débloquer les fonds). Néanmoins, le regard d’un producteur me paraît essentiel... Il doit pouvoir vous faire avancer, évoluer, et vous aider à affirmer l'identité du projet. Ce que je cherche au CNC, ce sont des projets forts, cohérents dans leur ambition et, par-dessus tout, sincères.
 
 
Jean-Christophe Reymond, producteur chez Kazak Production :
 
« Lorsque l’on contacte un producteur, il faut avoir un équilibre entre un scénario qui est déjà assez abouti, c’est-à-dire dans lequel vous voyez exactement le genre du film, ce que vous voulez raconter et les moyens narratifs que vous voulez utiliser ; mais en même temps un scénario où reste une marge d’écriture pour que le producteur puisse également intervenir dans le développement. Mais il faut quand même que le projet soit déjà relativement solide ».
 
« En tant que producteur je préfère être associé aux démarches de production, donc je conseille aux auteurs de s’associer d’abord avec un producteur avant de solliciter le CNC. Beaucoup de producteurs de court métrages sont assez accessibles : nous lisons des premiers films, des scenarios peu aboutis, et nous y répondons ».
 
« Parfois des auteurs écrivent seuls et se présentent à un producteur en binôme avec un réalisateur en qui ils ont confiance. Si l’auteur ne sait pas, je préfère qu’il vienne seul et que l’on cherche ensemble un réalisateur, plutôt qu’il en choisisse un par défaut ».
 
 
Julia Ducournau, ancienne élève de la FEMIS, auteur et réalisatrice de « Junior » :
 
« Je suis sortie de la FEMIS en tant que scénariste. Avec « Junior », toutes les étapes de fabrication du film sont allées très vite. J’avais envoyé à mon producteur une première version que j’avais écrite seule et nous avons ensuite retravaillé le scénario ensemble. Son regard a été très important, très pointu et toujours très à l’écoute de ce que je voulais faire et de l’esprit que je voulais retranscrire. C’est mon producteur qui a contacté de CNC avec la version définitive. C’est le chemin classique, mais je pense que d’autres formules marchent aussi ».
 
« Si je n’avais pas eu la chance d’être repérée par mon producteur, j’aurai aussi pu travailler plusieurs versions dans mon coin et démarcher ensuite. En tout cas, ce qui arrive au CNC doit être une version définitive et peaufinée, qu’elle ait été retravaillée avec un producteur ou par nos propres soins. En aucun cas ce peut être une première version. Et c’est pour cela que des avis extérieurs, celui du producteur, celui d’amis scénaristes ou celui d’amis dont on se fie au jugement, sont très importants ».
 
 
Conseil de Valentine Roulet – Chef du service de la création à la Direction de la création, des territoires et des publics

« Pour ajouter une force supplémentaire à un dossier, il peut être judicieux de joindre au dossier  un travail antérieur de l’auteur (films, photos, maquettes). L’ensemble des éléments artistiques est examiné par la commission plénière, un travail antérieur qui plaît peut faire pencher la balance et susciter de l’enthousiasme et de la confiance ».