En cette rentrée 2019, TF1 va proposer à ses téléspectateurs une série historique : Le Bazar de la Charité. Une saga en costumes, qui reviendra sur un tragique fait divers, survenu en 1897 lors d’une vente de charité à Paris. L'événement se déroulait au Bazar de la Charité, installé sur un terrain du 8e arrondissement qui accueillait chaque année depuis 1885 une grande vente caritative. Construit en bois et disposant d’un décor en carton-pâte, selon un article du Figaro de l'époque, le bâtiment accueillait le 4 mai 1897, lendemain de l’inauguration de la vente, plus d'un millier de personnes. Mais un dramatique incendie se déclara dans l'après-midi, et fit plus de 120 victimes.
« Ce qui m’a frappée dans ce fait divers, c'est son caractère dramatique (plus de 120 morts), mais surtout le fait que les victimes étaient essentiellement des femmes, et des femmes de la haute société », raconte la coscénariste, Catherine Ramberg. « J'ai trouvé fascinante cette irruption de la mort et de l'horreur dans une société protégée, insouciante et superficielle. C'est le même ressort qui joue dans la catastrophe du Titanic et on a pu dire que ce naufrage marquait la fin de d’une certaine société. Il m'a semblé que ça avait des résonances avec notre époque. »
Évidemment, pour les auteurs de cette fiction, basée sur des faits réels, il a fallu jongler entre l'histoire romancée et la vérité historique, essayer d’être le plus vraisemblable possible, tout en laissant toute sa place à l'histoire : « L'incendie lui-même est un point de départ spectaculaire pour raconter ce qui se passe ensuite pour nos héroïnes. L'essentiel de la série se passe après l’incendie. Il y a une catastrophe et ensuite on montre comment cette catastrophe impacte la vie des survivantes. Le côté positif, c'est que cela les arrache à un destin tout tracé. On part du fait divers réel, et ensuite la fiction s'en mêle pour aller vers autre chose. » Et si Le Bazar de la Charité impressionne, c'est aussi parce que la reconstitution historique a été minutieuse.
Catherine Ramberg explique qu'il y a eu « un travail magnifique sur les costumes, les décors. Néanmoins, on s'adresse aux spectateurs d'aujourd’hui, il faut qu’ils se reconnaissent. Pour les dialogues par exemple, on fait parler nos personnages de façon moderne, pour que ça n'ait pas l'air ampoulé, que l'émotion passe. On a trop tendance dans les fictions historiques à faire parler les personnages comme à l'époque. Or, cette langue qui nous est parvenue, c'est de l’écrit. Pour moi, le plus important c'est l'imaginaire. La distance historique permet du romanesque. Les situations que j'ai imaginées à partir de l'incendie n'ont jamais eu lieu. Mais je pense qu'elles sont crédibles. L'idée, c'est qu'il y ait une vraisemblance psychologique. Et que ça parle aux gens d'aujourd'hui. »
La scène titanesque de l'incendie
La série de TF1 a été co-écrite avec Karine Spreuzkouski, à partir d’une trame signée Catherine Ramberg. « Nous avons travaillé ensemble sur les arches, puis on s'est réparti les épisodes à écrire, avec des allers-retours entre nous. J'adore écrire des fictions historiques. En écrivant et en tournant un film en costumes, il y a obligatoirement une stylisation, une esthétique. Sans parler du romanesque et de la force des situations, leur côté aventureux. A mon sens, ce n'est pas particulièrement plus compliqué qu'un autre genre de fiction. Écrire une fiction c'est compliqué quelle que soit l'époque ! », analyse la scénariste, qui précise tout de même que ces séries à gros budget entraîne « certainement plus de pression ».
Il a notamment fallu écrire la fameuse séquence de l'incendie, au cœur du Bazar de la Charité. Une scène forcément délicate à coucher sur le papier, afin qu'elle soit aussi forte que possible, mais également réalisable. « Je l'ai d’abord écrite en suivant mes personnages dans l'incendie et à l'extérieur, en m'inspirant des récits de l'époque et sans me demander comment cela allait être réalisé concrètement. Un peu comme une vision », confie Catherine Ramberg. « Le plus important c’était de mettre en place les éléments dramatiques qui allaient ensuite générer toute la série. A partir de là, le réalisateur Alexandre Laurent a imaginé sa mise en scène, en fonction aussi des contraintes de tournage. Je trouve le résultat très réussi. »
Plus que cette tragédie spectaculaire et dramatique, Le Bazar de la Charité racontera le destin de trois femmes. Trois héroïnes incarnées par Audrey Fleurot, Julie de Bona et Camille Lou, dont la vie sera chamboulée par l'incendie : « Pour créer ces personnages, je suis partie de la situation. L'incendie fait irruption dans leurs vies et les transforme de fond en comble. Elles sont toutes les trois très différentes, mais elles ont ce point commun : ce sont des battantes. Elles souffrent mais ne se laissent jamais abattre. Ce sont des rebelles, même si elles l'ignoraient avant l'incendie. La catastrophe les révèle à elles-mêmes. Bien sûr, elles sont contraintes par les convenances sociales et les interdits de leur époque. Mais on les a volontairement traitées comme des personnages modernes », détaille la scénariste. « D'abord parce que je pense qu’il y a une universalité de l’humain par-delà le temps, et aussi parce qu'on s'adresse au public d'aujourd’hui. Je voulais que les femmes actuelles se reconnaissent en elles, dans des situations certes exacerbées par la condition féminine et les conditions sociales de l'époque, mais dans le fond, est-ce que ça a vraiment beaucoup changé ? »
Le Bazar de la Charité a bénéficié de plusieurs aides du CNC : le Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle (aide au concept) et l'aide à la création visuelle ou sonore par l’utilisation des technologies numériques de l’image et du son.