Dans les coulisses de « Déter », la nouvelle série quotidienne de France.tv Slash

Dans les coulisses de « Déter », la nouvelle série quotidienne de France.tv Slash

10 octobre 2023
Séries et TV
DETERS01_-_S01E002-1920x1080
"Déter", la nouvelle série Slash dans le monde rural France TV/Black Sheep

Des adolescents dans un lycée agricole au cœur de la Bretagne rurale : c’est la nouvelle série quotidienne de la plateforme France.tv Slash. Un format court adapté à YouTube et à son public pour parler d’une jeunesse rarement montrée à l’écran. Augustin Bernard (Black Sheep Films), coproducteur de Déter avec Toma de Matteis (France TV studio), en décrypte les enjeux et le processus de production.


Que signifie le titre de la série Déter ?

Augustin Bernard : C’est un mot d’argot employé chez les jeunes, un raccourci de « déterminé », qui veut dire : « Je suis partant ! » C’est un mot dans l’action, dans le mouvement, dans l’engagement, un mot totem d’une génération. Et puis dans la sonorité, il renvoie à la terre, voire à la déesse des récoltes, Déméter.

La série a un format unique entre Skam et Demain nous appartient. Comment l’avez-vous pensé ?

C’est un format totalement inédit en France ou ailleurs. C’est un format court comme Skam à la différence que Skam est dans la séquence. Déter décline de vrais épisodes de sept minutes, avec différents fils narratifs qui s’entrecroisent dans chaque épisode. Nous trouvions qu’il était pertinent de proposer des épisodes quotidiens qui ne durent pas vingt-six minutes pour toucher un public déjà sursollicité par une multitude de canaux. Nous mettons donc en ligne sur YouTube un épisode de sept minutes du lundi au vendredi, avec un épisode récapitulatif de trente-cinq minutes en fin de semaine, et ce pendant toute l’année scolaire, d’octobre 2023 à juillet 2024. Soit 200 épisodes au total.

 

Quelle réflexion demande l’écriture d’épisodes aussi courts ?

Comme c’est un format qui n’avait jamais été fait avant, il a fallu établir un processus. Nous avons décidé d’écrire à la semaine, c’est-à-dire d’écrire des épisodes de trente-cinq minutes, découpés en cinq actes. Ce qui nous permet d’avoir de petits cliffhangers à chaque épisode et un cliffhanger plus important en fin de semaine.

La série se déroule en Bretagne, la première région agricole de France. C’est un ancrage territorial fort, qui n’a pas été choisi au hasard…

Effectivement, ce fut l’un des arguments majeurs au départ : quitte à faire une série sur le monde agricole et le monde rural en général, autant aller dans l’endroit le plus pertinent ! La Bretagne faisait sens. Nous avons tout de suite bénéficié d’un accueil de la Région, qui avait aussi besoin d’une vitrine pour parler d’agriculture aux jeunes, afin de renouveler les générations dans ce secteur où 50 % des professionnels partiront à la retraite d’ici dix ans ! Nous avions également envie de proposer une quotidienne qui ne soit pas située dans le Sud de la France, comme celles diffusées actuellement à la télévision. Nous cherchions une esthétique différente. Nous souhaitions filmer du vert.

Nous avons voulu donner un coup d’éclairage et de modernité à cette jeunesse qui, sur plein d’aspects, ressemble beaucoup à une jeunesse urbaine.

Déter est-elle entièrement tournée en région Bretagne ?

Nous tournons du côté de Vitré, en Ille-et-Vilaine, la communauté de communes la plus agricole de France. Nous sommes donc au cœur du monde agricole. La Bretagne est une région facilement accessible, qui dispose par ailleurs d’un bassin important et très dynamique de techniciens et de comédiens. Notre pôle de recrutement était basé principalement à Rennes, mais nous avons parfois été amenés à recruter jusque sur les côtes. Pour le casting principal, celui des élèves du lycée, nous avons choisi les premiers rôles à Paris, au cours d’une grande audition nationale, parce que le succès de la série repose énormément sur ces personnages. Mais pour tous les autres rôles, notamment les professeurs et les parents, nous avons recruté à 100 % en Bretagne.

La série met en lumière la jeunesse du monde rural. Quelle était l’idée au départ ?

Nous avons constaté avec Toma de Matteis (France TV studio), mon coproducteur, qu’il existait une jeunesse rurale totalement invisible à l’écran. Nous avons voulu donner un coup d’éclairage et de modernité à cette jeunesse qui, sur plein d’aspects, ressemble beaucoup à une jeunesse urbaine. Mais il n’était pas question de téléporter la jeunesse urbaine dans la campagne, en faisant du monde rural un simple décor, ni de creuser des clichés éculés sur cet univers. Nous avons été à la rencontre de ces jeunes dans des lycées agricoles pour discuter avec eux et voir la manière dont fonctionnent ces établissements. L’idée était de tordre le cou au stéréotype du lycée agricole vu comme une voie de garage. Au contraire : l’avenir se situe peut-être là, dans ces professions avec du travail à la clé qui s’occupent du bien manger, du vivant et de l’environnement.

Nous tournons du côté de Vitré, en Ille-et-Vilaine, la communauté de communes la plus agricole de France […] La Bretagne est une région facilement accessible, qui dispose d’un bassin important et très dynamique de techniciens et de comédiens.

Y-avait-il cette volonté de faire évoluer les mentalités sur le monde rural ?

Les temps changent, et c’est tant mieux, mais le monde rural a souvent été dépeint dans la fiction comme vieillissant, voire un peu dépressif. Avec cette image de l’homme au bout du rouleau et la question du suicide qui se pose très vite… Nous avons voulu inverser le paradigme, en allant vers de la jeunesse, du collectif, de l’espoir, quelque chose de très joyeux, mâtiné d’humour. Une série moderne qui renverse les idées conçues sans pour autant masquer les problèmes du monde agricole que nous abordons aussi : réussir à faire fonctionner une exploitation familiale, le bien-être animal, la difficulté de se déplacer dans la ruralité… Déter traite tous ces aspects mais sans misérabilisme et sans pathos, avec l’envie de redonner de la fierté. C’est pourquoi nous avons organisé des avant-premières simultanées dans les 850 lycées agricoles de France. Et dans la salle où je me trouvais, les retours étaient incroyables parce que les élèves étaient surpris : ils se demandaient pourquoi nous nous intéressions à eux.... Je crois que c’est la raison pour laquelle il fallait réaliser cette série.

Envisagez-vous d’autres saisons ?

Ces 200 épisodes constituent près de cinq saisons en une seule ! Mais les sujets sont assez inépuisables, il y a encore beaucoup à raconter. D’autant que Déter reste une série adolescente, qui parle des amitiés, des amours, de l’avenir, etc. Nous avons installé une arène et un sujet qui permettent d’envisager le long cours. Il y a du potentiel pour la suite…

Déter, saison 1

Direction d’écriture : Niels Rahou, Sébastien Fabioux, Alexandre Gorget
Réalisation : Nicolas Capus, Augustin Bernard, Manon Gaurin, David Chamak, Sarah Hafner et Leïla Sy
Production : Augustin Bernard (Black Sheep Films) et Toma de Matteis (France TV studio)
Disponible sur France.tv Slash et la chaîne YouTube de la plateforme