Dix réalisatrices qui ont changé la donne du cinéma européen depuis 10 ans

Dix réalisatrices qui ont changé la donne du cinéma européen depuis 10 ans

08 mars 2019
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Céline Sciamma
Céline Sciamma DR/ Pyramide Films

A l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, focus sur ces cinéastes qui ont su apporter un regard neuf et puissant au petit monde du septième art.


Maren Ade

C’est l’une des porte-drapeaux majeurs de la nouvelle Nouvelle Vague allemande. Productrice avisée, elle a permis l’éclosion de nombre de ses compatriotes (son compagnon Ulrich Köhler avec In the room, Valeska Grisebach avec Western…) et de grands talents internationaux comme Miguel Gomes (Tabou) ou Sebastian Lelio (Une femme fantastique). Et comme réalisatrice, après avoir vu ses deux premiers films, Der Wald vor lauter Bäumen et Everyone else, respectivement primés à Sundance et Berlin, elle a enthousiasmé Cannes en 2016 avec Toni Erdmann.

Andrea Arnold

Cette britannique s’impose comme une digne héritière de Ken Loach avec ses deux premiers longs métrages, Red road et Fish tank. Deux Prix du jury cannois viennent récompenser la force de ce cinéma social jamais caricatural. Elle change ensuite de registre en s’attaquant aux Hauts de Hurlevent avant de traverser l’Atlantique pour scruter l’Amérique profonde avec American honey. Le portrait d’un groupe de marginaux qui lui vaudra son troisième Prix du Jury sur la Croisette.

Houda Benyamina

Le monde entier l’a découverte lors de la cérémonie de clôture de Cannes avec son discours enflammé pour célébrer la Caméra d’Or 2016 venant récompenser Divines, portrait d’une Rastignac au féminin qui fracasse tous les clichés sur les banlieues. Pour elle, le cinéma est un sport de combat, un geste autant politique qu’artistique. Un moyen de raconter un monde peu ou pas regardé avec l’énergie de l’autodidacte qu’elle est, formée sur le tas au sein de l’association Mille visages qu’elle a créée en 2006 pour démocratiser le septième art.

Julia Ducournau

Elle a provoqué des évanouissements en série au festival de Toronto. M. Night Shyamalan et David Cronenberg ont célébré son travail. Grave, les premiers pas dans le long métrage de cette diplômée de la FEMIS et de l’Université de Columbia, ont marqué les esprits. En un film, avec l’histoire de cette étudiante végétarienne soudain envahie par des envies de chair humaine, elle a redoré le blason du cinéma fantastique à la française.

Deniz Gamze Ergüven

Fille d’un diplomate turc qui a grandi entre Ankara, Paris et les Etats-Unis, elle a su avec Mustang trouver le ton juste pour raconter le retour à un conservatisme pur et dur dans une partie de son pays natal. Un geste politique fort, une ode à la lutte des femmes contre les interdits qui baigne dans une légèreté et une beauté visuelle enveloppantes. Découvert à Cannes et quadruplement Césarisé, le film est sélectionné pour représenter la France aux Oscars et lui ouvre les portes d’une carrière internationale avec Kings où elle revient sur les émeutes post- verdict de l’affaire Rodney King à Los Angeles, en 1992.

Mia Hansen-Love

Cinéaste de l’intime, elle plonge à chaque film dans les deux thématiques autour desquelles elle a construit jusqu’ici son œuvre : la jeunesse (Un amour de jeunesse, Eden) et les rapports familiaux (Tout est pardonné, Le père de mes enfants et L’avenir, primé pour sa mise en scène à Berlin). Cérébral mais jamais étouffant, son cinéma ne perd rien de son acuité quand il s’envole pour des destinations plus exotiques comme l’Inde avec le tout récent Maya.

Léa Mysius

Comme scénariste, elle a entamé avec Arnaud Depleschin dans Les Fantômes d’Ismaël une collaboration qui s’est poursuivie avec le très attendu Roubaix, une lumière tout en travaillant sur Samouni road, le documentaire sur Gaza de Stefano Savona, Oeil d’or 2018 à Cannes. Et ses premiers pas derrière la caméra pour Ava en 2017 ont révélé une cinéaste aussi à l’aise avec les images qu’avec les mots.

Adina Pintilie   

Avec Touch me not, elle a arpenté la frontière floue entre documentaire et fiction en suivant le parcours d’une femme et deux hommes cherchant à apprivoiser leur intimité et leur sexualité. Un sujet complexe qu’elle aborde avec sincérité et sans l’ombre d’une provocation gratuite. Une œuvre sensorielle qui a divisé le festival de Berlin 2018 dont elle est pourtant repartie avec l’Ours d’Or et le prix du meilleur premier film.

Alice Rohrwacher

Ses trois longs métrages – Corpo Celeste, Les Merveilles (Grand Prix à Cannes en 2017) et Heureux comme Lazzaro (Prix du scénario sur la Croisette en 2018) entremêlent superstitions chrétiennes et rites païens. Et ses images à la beauté renversante (elle tourne en 35 mm) racontent l’Italie d’aujourd’hui. Du cinéma politique dont chaque plan ressemble à un tableau.

Céline Sciamma

Scénariste aussi à son aise dans l’univers d’André Téchiné (Quand on a 17 ans) que dans celui du cinéma d’animation (Ma Vie de Courgette), elle est aussi et surtout une cinéaste qui raconte brillamment la jeunesse française d’aujourd’hui. Qu’elle ausculte les premières montées de désir dans Naissance des pieuvres, une petite fille se faisant passer pour un garçon dans Tomboy ou des jeunes filles de quartier en quête d’émancipation dans Bande de filles, son regard pertinent nous rend à chaque fois amoureux de ses personnages.

Rebecca Zlotowski

Agrégée en lettres modernes et diplômée de la FEMIS en section scénario, elle aime filmer des mondes majoritairement masculins – l’univers de la moto dans Belle Epine, le quotidien d’une centrale nucléaire dans Grand central – en transcendant toute notion de genre. En lutte intelligente contre un cinéma féminin qui devrait forcément être sensible, maternel ou hystérique, ses œuvres brûlent d’un romanesque infini qui se déploie tout particulièrement dans Planetarium, portrait de la plus grande industrie de l’illusion : le septième art.