Gina Lollobrigida, mort d'une icône internationale

Gina Lollobrigida, mort d'une icône internationale

17 janvier 2023
Cinéma
Gérard Philipe et Gina Lollobrigida dans « Fanfan la Tulipe ».
Gérard Philipe et Gina Lollobrigida dans « Fanfan la Tulipe ». DPA_ABACA

Disparue à l'âge de 95 ans, l'actrice italienne avait aussi bien brillé dans son pays natal qu'aux États-Unis et en France. Certains de ses films les plus marquants sont ainsi des coproductions franco-italiennes, comme le grand succès populaire Fanfan la Tulipe avec Gérard Philipe.


Elle était « un des mythes italiens les plus fascinants », d'après l'historien du cinéma Lorenzo Codelli. Ce mythe a disparu le 16 janvier 2022, à Rome : Luigia Lollobrigida, dite Gina, y est morte à l'âge de 95 ans. Elle était née dans cette même ville au sein d'un milieu ouvrier, et commence sa carrière d'actrice en faisant de la figuration à vingt ans au théâtre et dans des films de Riccardo Freda ou Mario Costa. Vite remarquée pour son physique fantasmatique, elle est contactée par Howard Hughes qui l'emmène à Hollywood (et la séquestre plusieurs mois), mais elle revient vite en Italie tourner des films solides (Dans les coulisses de Mario Monicelli, en 1950, raconte le quotidien d'une pauvre troupe de théâtre). C’est en 1952 qu’elle trouve son premier succès public avec le film à sketches Heureuse époque d'Alessandro Blasetti, et, surtout, qu’elle devient une star internationale grâce à deux films français. Dans Les Belles de nuit de René Clair, épopée fantastique à travers les âges, elle rencontre un certain Gérard Philipe qu’elle recroise dans le film d'aventures Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque. Ce film est produit côté italien par le studio de Giuseppe Amato, producteur de Rome, ville ouverte de Rossellini et du Voleur de Bicyclette de Vittorio De Sica, et côté français par Les Films Ariane d'Alexandre Mnouchkine. Et c'est précisément sur cette frontière de cinéma, entre la France et l’Italie, que l’actrice trouvera ses rôles les plus marquants.

Entre la France et l’Italie

Car en dehors de son importante carrière italienne et de superproductions internationales qui lui permettront de croiser Yul Brynner, Humphrey Bogart ou Burt Lancaster, elle continue de fréquenter les plateaux français pour des films de prestige : elle joue ainsi Esméralda en 1956 dans la production franco-italienne Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, avec Anthony Quinn en Quasimodo, sur un script de Jean Aurenche et Jacques Prévert. Elle retourne en France en 1954 pour apparaître dans Le Grand jeu de Robert Siodmak où elle tient le double rôle de la maîtresse d'un avocat et de son sosie, une prostituée. En 1959, elle apparaît dans La Loi de Jules Dassin, autre coproduction entre la France et l'Italie, avec Pierre Brasseur et Marcello Mastroianni. Et elle retrouve la caméra de Jean Delannoy pour le film historique Vénus impériale (1962) où elle joue Pauline Bonaparte, ou pour la comédie dramatique Les Sultans (1966), étude de mœurs coécrite par Jean-Loup Dabadie.

Gina Lollobrigida dans Notre-Dame de Paris
Gina Lollobrigida dans Notre-Dame de Paris  TMDB Tous droits réservés

À la fin des années 60, l’essor de Sophia Loren ou de Claudia Cardinale ternissent un peu sa popularité et elle mettra d’elle-même un terme plus ou moins officiel à sa carrière d'actrice en 1972, après une brève apparition dans la série télé Les aventures de Pinocchio de Luigi Comencini, et le film Roi, Dame, Valet de Jerzy Skolimowski. Gina Lollobrigida se tourne alors vers la profession de reporter photographe. En Italie, elle fera encore de petites apparitions au cinéma comme dans la comédie Box-office 3D, « le premier film italien en 3D », parodiant aussi bien Avatar qu'Harry Potter. Mais avant cela, c'est en France qu’elle avait effectué son come-back. En 1995, dans Les Cent et Une nuits d'Agnès Varda, film-somme fêtant le centenaire de l'invention du cinéma, elle incarnait la fée du cinéma.