Jean-François Stévenin, second rôle au tempérament ardent, mais aussi réalisateur de trois superbes longs métrages entre 1986 et 2001, disparaît à l’âge de 77 ans

Jean-François Stévenin, second rôle au tempérament ardent, mais aussi réalisateur de trois superbes longs métrages entre 1986 et 2001, disparaît à l’âge de 77 ans

28 juillet 2021
Cinéma
Jean-François Stévenin
Jean-François Stévenin dans "Deux" de Werner Schroeter (2002) Gemini Films - Madragoa Filmes- Road Movies Filmproduktion / DR

Il était tout ce qu’on aime voir et sentir chez un acteur : une voix, un tempérament, une silhouette, une présence épaisse, presque rustique, presque paysanne, certainement héritée de ses observations de jeunesse, lui qui, fier d’avoir grandi dans le Jura, y retournait souvent entre deux tournages.


Jean-François Stévenin, sorte de roc sensible semblant comme échapper au temps, avait si bien su trouver sa place d’acteur entre deux âges qu’on en oubliait les années qui passent : c’est à l’âge de 77 ans qu’il vient de mourir.  « Il est décédé à l'hôpital à Neuilly, il s'est bien battu", a commenté l’un de ses quatre enfants, son fils Sagamore Stévenin, lui aussi comédien.

On imagine le bonheur qu’il y avait, pour les Jacques Rivette, François Truffaut, Jacques Demy, Bertrand Blier, Jean-Luc Godard et autres Catherine Breillat à diriger un tel tempérament, doté d’un «physique de théâtre » - lui qui n’y joua pourtant jamais. Les premiers l’engagèrent quand il était un trentenaire encore doux, Truffaut dans L’Argent de poche en 1976, Demy dans Une Chambre en ville en 1982. Mais c’est Le Pacte des loups, de Christophe Gans, qui le fit connaître d’un plus large public, en 2001. Face à des Vincent Cassel, Samuel Le Bihan et Monica Belluci destinés à prendre la lumière, Stévenin, un peu dans l’ombre, y campait un Père Henri Sardis tout en colère rentrée et stratégie. Son rôle dans L'Homme du train de Patrice Leconte achèvera de lui bâtir ce statut singulier de second rôle pas tout à fait star, mais presque.

Adepte du contre-pied, il s’était toutefois préservé un accès facilité à l’heureux métier de réalisateur aux mains libres, s’offrant, comme autant de bonheurs discrets, les pleins pouvoirs sur trois films très appréciés des cinéphiles : Passe montagne en 1978, Double messieurs en 1986, et enfin Mischka en 2001. Son travail de cinéaste élégant lui vaudra d’ailleurs, en 2018, un prix Jean-Vigo d'honneur remis - honneur suprême - par son admiratrice Agnès Varda.

Jean-François Stévenin était père de quatre enfants, tous comédiens : Sagamore, Robinson, Salomé et Pierre. Le dernier film dans lequel il aura joué, Illusions perdues de Xavier Giannoli, d’après Balzac, sera présenté à la 78ème Mostra de Venise - du 1er au 11 septembre 2021.

les films realisés par Jean-François Stévenin soutenus par le cnc

Les films réalisés par Jean-François Stévenin, Passe montagne (1977), Double messieurs (1984) et Mischka (2000) ont bénéficié de l’Avance sur recettes du CNC.
Passe montagne et Double messieurs ont également bénéficié de l’aide à la restauration et à la numérisation d'œuvres cinématographiques du patrimoine.