Scénariothèque du CNC : focus sur la Fête du court métrage

Scénariothèque du CNC : focus sur la Fête du court métrage

18 mars 2022
Cinéma
"Tram" de Michaela Pavlátová Sacrebleu Productions

La Scénariothèque du CNC regroupe des centaines de scénarios et dossiers artistiques de projets ayant bénéficié d'une aide du CNC, tels qu’ils ont été présentés lors de leur passage en commission. Focus les dossiers de quatre courts métrages programmés dans le cadre de la Fête du court métrage 2022 , du 16 au 22 mars.


Qu’il s’agisse de courts métrages de fiction, d’animation, documentaires ou expérimentaux, la scénariothèque représente la diversité qui caractérise le court métrage comme en témoigne  ces quatre projets, entre animation et fiction, en prises de vues réelles, des fantasmes d’une conductrice de tramway, au conte dans un village paranoïaque en passant par les drames de l’exil et de l’adolescence.

Tram - Un tramway nommé plaisir (2012) de Michaela Pavlátová

"Tram - Un tramway nommé plaisir" de Michaela Pavlátová
"Tram - Un tramway nommé plaisir" de Michaela Pavlátová Sacrebleu Productions

Animation / Durée : 07 min. 50 sec.
Musique : Petr Marek
Production : Sacrebleu Productions
France, République Tchèque


Résumé : Les pulsions et fantasmes d’une conductrice de tramway trans­forment la réalité en un délire surréaliste et phallique… Maestro, musique !

Un projet et scénario loin des chemins balisés. Sans aucun dialogue et avec l’essentiel de l’action située dans l’esprit de la conductrice, Michaela Pavlátová nous embarque dans la déambulation fantasmatique d’un tramway à travers la ville.

Dans une très courte note d’intention, la réalisatrice insiste sur « l’importance capitale du rythme de la musique, dans ce film, qui appuie son action sur la répétition de mouvements et de gestes, ainsi que sur les sursauts du tramway ». D’ailleurs, élément assez inhabituel, des indications musicales sont déjà intégrées à même le récit, prévoyant les arrêts et reprises de la mélodie ou bien même donnant des précisions sur le type de musique désiré (« une musique rapide, sauvage et joyeuse à la fois, comme le French Cancan ou la musique finale du Carnaval des animaux de Saint Saens »).

En complément du scénario, ce dossier permet de découvrir le découpage technique du court métrage, ainsi qu’un storyboard mettant déjà en images certains des plans les plus marquants de cette incursion dans les rêvasseries érotiques de la conductrice.

Tram est projeté dans le cadre du programme 60 ans d’Annecy : L’animation à l’âge adulte

 

La Grosse Bête (2013) de Pierre-Luc Granjon

La Grosse Bête (2013) de Pierre-Luc Granjon
"La Grosse Bête" de Pierre-Luc Granjon Les Décadrés Production

Animation / Durée : 06 min. 22 sec.
Musique : Timothée Jolly
Voix : Yves Barbaut, Bruno Lochet
Production : Les Décadrés Production
France

 

Résumé : Dans un royaume on raconte qu'une grosse bête vient vous manger au moment où on ne s'y attend pas. Il suffit donc de s'attendre à être mangé pour ne pas l'être, dit quelqu'un. Bonne idée mais difficile à appliquer. Alors pour éviter d'oublier le danger, on en vient à créer la bête contre laquelle on voulait lutter.

Second court métrage d’animation, à l’approche très différente. Ici, la parole à une présence prédominante, entre les dialogues des villageois et une voix off servant de fil conducteur, donnant à ce court métrage fantastique des allures de conte.

Mais derrière l’imaginaire de façade, le réalisateur revendique dans une note d’intention d’écriture, des échos sociétaux à la peur de l’étranger qui prédomine parfois dans des villages où il n’y a absolument pas d’immigration. Des notes d’intention graphiques et sonores, des planches illustrées, un storyboard intégral, ainsi qu’un texte du producteur défendant ce projet, viennent compléter un dossier très étoffé.

La Grosse Bête est projetée dans le cadre du programme Villes et villages insolites de La Fête du court métrage 2022.

Le Départ (2020) de Saïd Hamich Benlarbi

Le Départ de Saïd Hamich Benlarbi
"Le Départ" de Saïd Hamich Benlarbi Barney Production / Mont Fleuri Production

Fiction / Durée : 24 min. 52 sec.
Avec : Ayman Rachdane, Fatima Attif, Youness El Khalfaoui, Ayman El Khalfaoui
Musique : Vitor Araújo
Production : : Barney Production / Coproduction : Mont Fleuri Production
France, Maroc


Résumé : Maroc, 2004. Cet été-là, Adil, onze ans, passe ses journées à jouer avec sa bande de copains et à attendre les derniers Jeux Olympiques de son idole, le coureur Hicham El Guerrouj. L'arrivée de son père et de son grand frère, venus de France pour quelques jours, va le mar­quer à jamais.

Le scénario articule finement récit familial et personnel, portée sociale (la séparation de la famille et de son pays natal due à l’émigration) et dimension historique (le triomphe d’Hicham El Guerrouj aux Jeux Olympiques de 2004). Au-delà de la construction du scénario, la mise en page, également, est un exemple pour les étudiants en cinéma ou jeunes scénaristes cherchant une présentation-type.

Dans sa note d’intention, le réalisateur revient sur la part autobiographique de ce récit et la catharsis qu’il représente. « Je voudrais user des vertus de la fiction, de sa capacité à mettre en perspective une histoire autobiographique avec un questionnement plus large. Avec "Le Départ", je continue d’une certaine manière mon « retour » vers un lieu où j’ai vécu, que j’ai quitté et qui m’a façonné ». Le scénario est aussi accompagné de photos de repérages des lieux de tournage, d’une note de production de Sophie Penson (Barney Production), ainsi que de CV détaillés du metteur en scène et de la société de production.

Le Départ est projeté dans le cadre du programme Talents d’aujourd’hui 1/3 de la Fête du court métrage 2022.

 

Haut les cœurs (2021) d’Adrian Moyse Dullin

Haut les cœurs d’Adrian Moyse Dullin
"Haut les cœurs"d’Adrian Moyse Dullin Punchline Cinéma

Fiction / Durée : 14 min. 49 sec.
Écrit avec : Emma Benestan
Avec : Yasser Osmani, Aya Halal, Ramatoulaye N'dongo, Sanya Salhi
Production : Punchline Cinéma
France


Résumé : Kenza, quinze ans, et son petit frère Mahdi, treize ans, se mettent régulièrement en scène sur les réseaux sociaux dans une escalade de petites cruautés et d’humiliations. Aujourd’hui, lors d’un trajet en bus, Kenza met son petit frère naïf et romantique à l’épreuve : faire une déclaration d’amour maintenant à Jada ; une fille que Mahdi aime mais qui ne le connaît pas. Mis sous pression par sa soeur, Mahdi finit par y aller.

Ce scénario fait preuve d’un travail de dialogue approfondi pour retranscrire la façon dont les adolescents parlent entre eux, à travers une profusion de piques et d’un champ lexical riche en verlan et abréviations. Un défi qu’Adrian Moyse Dullin reconnait d’ailleurs dans sa note d’intention . « Faire un film sur l’adolescence, c’est se poser la question de la langue. Variée, multiple, elle se transforme en fonction des groupes, de la région, de la tranche d’âge, des origines... Bref elle n’est pas unique et je ne veux surtout pas la caricaturer ».

De plus, les scénaristes mobilisent un des aspects les plus contemporains de la jeunesse représentée : l’omniprésence des smartphones et réseaux sociaux et la manière dont ils peuvent bouleverser leurs vies.

Tout comme pour le court métrage de Saïd Hamich Benlarbi, la note d’intention sert aussi, en partie, au réalisateur a exposé les origines autobiographiques de son projet, tout en soulignant en quoi son ressenti touche à l’universel du sentiment adolescent (« J’avais toujours cette sensation de ne pas être comme tout le monde : on est toujours le moche et le pauvre de quelqu’un »).

Haut les cœurs est projeté dans le cadre du programme Talents d’aujourd’hui 3/3 de la Fête du court métrage 2022.