L’apprentissage vu par le documentaire

L’apprentissage vu par le documentaire

26 septembre 2019
Cinéma
Les Petits Maîtres du Grand Hôtel de Jacques Deschamps
Les Petits Maîtres du Grand Hôtel de Jacques Deschamps TS Productions - Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma - Jour2fête

A l’occasion de la sortie des Petits maîtres du Grand Hôtel de Jacques Deschamps, retour sur cinq films français qui ont abordé la question de l’apprentissage sous toutes ses formes par le biais du documentaire.


La Cour de Babel de Julie Bertuccelli (2014)

Au début des années 2010, Julie Bertuccelli pose sa caméra dans la classe d’accueil du collège La Grange aux Belles à Paris où des élèves venus des quatre coins du monde apprennent à maîtriser notre langue. C’est en rencontrant dans un jury de festival de films scolaires une professeure de français de cet établissement qu’elle a eu l’idée de ce film. Au fur et à mesure du tournage (deux fois par jour pendant toute une année scolaire), l’enseignante devient le personnage central de son récit qui se concentre sur le quotidien de la classe sans jamais filmer les enfants dans leurs familles.

 

Les Règles du jeu de Claudine Bories et Patrice Chagnard (2015)

Deuxième volet d’une trilogie dressant un état des lieux social et politique de la France (entre Les Arrivants qui traitait des demandeurs d’asile et Nous le peuple qui aborde la crise de la démocratie), Les Règles du jeu raconte l’apprentissage indispensable d’un certain type de comportement et de langage si l’on veut décrocher un emploi. Le duo Bories-Chagnard a installé sa caméra dans les locaux d’une société privée spécialisée dans l’insertion professionnelle du Nord-Pas-de-Calais et filmé les entretiens entre conseillers et jeunes chômeurs. Huit mois de tournage à raison de plusieurs jours par semaine : les 130 heures de rushes réduites à 1h46 sans commentaire racontent l’absurdité de ces nouvelles « règles du jeu », qui restent un passage obligé pour beaucoup.

 

A voix haute, la force de la parole de Stéphane de Freitas et Ladj Ly (2017)

Créé en 2012 à l’Université de Saint-Denis, Eloquentia est un programme éducatif centré sur des formations à la prise de parole. En point d’orgue, chaque année, un concours doit élire « le meilleur orateur du 93 ». Ce documentaire co-signé par Ladj Ly, le futur réalisateur des Misérables, suit l’entraînement aux fondamentaux de la rhétorique, les différentes étapes de la compétition jusqu’à la finale et le quotidien des étudiants qui s’y affrontent. De Freitas était le mieux placé pour aborder ce sujet, car ce natif de Seine Saint-Denis avait été à l’initiative de ce concours en 2012. D’abord diffusé sur France 2, A voix haute aura droit à une version longue pour le cinéma nommée au César du documentaire 2018.

 

De chaque instant de Nicolas Philibert (2018)

Après Le Pays des sourds et Être et avoir, Nicolas Philibert aborde de nouveau la question de l’apprentissage en suivant le quotidien d’élèves dans un Institut de formation en soins infirmiers. Un documentaire né de sa volonté de rendre hommage aux professionnels soignants après qu’une embolie pulmonaire l’a conduit dans un service de soins intensifs. Parmi les 330 Instituts de Formation en Soins Infirmiers qui existent en France, il a choisi celui de la Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon à Montreuil. Découvert au festival de Locarno, De chaque instant montre combien, très tôt, ces étudiants sont confrontés brutalement à la fragilité humaine et aux fêlures des âmes comme des corps.

 

Les Petits Maîtres du grand hôtel de Jacques Deschamps (2019)

C’est d’abord comme client que Jacques Deschamps a découvert l’hôtel Lesdiguières qui se trouve aussi être un « hôtel d’application » du lycée des métiers du tourisme et de l’hôtellerie de Grenoble. Ce qui signifie que les élèves qui suivent cette formation viennent servir les petits déjeuners, nettoyer les chambres, suivre des stages à l’accueil, en salle ou en cuisine, sous la surveillance de professeurs. Tout cela a inspiré à Deschamps ce documentaire qui suit leur quotidien, avec une touche d’originalité assumée : séduit par l'aspect théâtral qui se dégageait de l'hôtel, le cinéaste ponctue son récit de scènes chantées et dansées où les élèves deviennent les interprètes d’une comédie musicale. Comme pour (ré)enchanter le lieu et cet apprentissage.

Ce film a bénéficié du fonds d'aide à l'innovation audiovisuelle (aide à l'écriture), du fonds d'aide à l'innovation audiovisuelle (aide au développement), de l’avance sur recettes avant réalisation, de l’aide à la création de musique de film et de l’aide sélective à la distribution (aide au programme) du CNC.