L’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion - ACID - est née de la volonté des cinéastes de se regrouper pour défendre certains films - français ou étrangers – qu’ils jugeaient écrasés par une concurrence forte au sein d’un marché de plus en plus compliqué à conquérir. L’idée était d’aider certains films « fragiles » à exister en allant à la rencontre du public, en nouant des relations privilégiées avec des exploitants, en créant des évènements (rencontres, débats, concerts, projections…)…
Si L’ACID est officiellement née en 1992, un an auparavant, 180 cinéastes français se retrouvaient autour du manifeste « Résister » dans lequel on pouvait lire : « Il s’agit donc pour les cinéastes de résister, de ne pas se laisser imposer une morale qui n’est pas la leur (…) Depuis toujours dans le cinéma français la marge et le centre sont intimement liés, indissociables. Toucher l'un, c’est atteindre l’autre…. »
Dès l’origine de l’association, les membres ont pour projet d’investir le Festival de Cannes pour y présenter une dizaine de films en marge de la sélection officielle. En 1993, soit un an à peine après sa création, l’ACID propose ainsi sa propre section parallèle. Les films français et internationaux projetés - fictions comme documentaires- n’ont pour la plupart pas encore de distributeurs. Le comité de sélection, composé de cinéastes membres de l’association, programme majoritairement des premières œuvres et privilégie l’audace, la nouveauté, l’expérimentation, le hors format, avec cette volonté de défendre un cinéma libre et libéré.
Des projections ouvertes à tous
Parmi les cinéastes passés par l’ACID au Festival de Cannes depuis sa création, Lucas Belvaux, Claire Simon, Philippe Faucon, Serge Bozon, Benoît Forgeard, , Pierre Schoeller, Jean-Gabriel Périot, Radu Jude, Justine Triet… Un esprit de découverte prolongé en 2021 avec la révélation de Thomas Paulot (Municipale) et de Pascal Tagnati (I Comete), notamment.
En moyenne, l’ACID programme tout au long du Festival 45 projections, ouvertes aux professionnels comme au grand public. L’équipe des films est présente sur la Croisette pour présenter leur œuvre et participer à des débats. Mais le Festival de Cannes n’est qu’un point de départ : l’ACID va par la suite accompagner les films sélectionnés dans d’autres festivals et suivre tout leur processus de distribution en salles. Par ailleurs, la sélection cannoise est reprise dans plusieurs cinémas d’art & d’essai à travers la France.
L'édition 2022
Cette nouvelle édition s’annonce toujours aussi défricheuse, avec cinq premiers films sur neuf longs métrages – six fictions et trois documentaires de création – en compétition. Comme souvent, la section de l’ACID laisse une place importante aux créations françaises, avec quatre films produits dans l’Hexagone et trois coproductions françaises.
« Des régions glaciaires du Groenland aux confins d'un bistrot d'Arles, en passant par une sous-préfecture japonaise, une décharge kirghize ou des parkings suisses, notre programmation s'empare de territoires déchirés, de corps ébranlés par des destins qui tiennent de la comédie humaine comme de sa tragédie », peut-on lire dans le communiqué du comité de sélection composé de 15 cinéastes. Leurs propos témoignent de la diversité, de l’audace et du goût prononcé pour l’hybridation de cette compétition : « Les récits mêlent humour, miracle, amour, sacré, profane et métamorphose comme résistance au temps qui passe. À notre monde vacillant, tous ces films opposent la fulgurance de leur geste, l'audace de cinéastes qui construisent des chemins où la vie, sous toutes ses formes, reprend ses droits. »