Johnny Guitar de Nicholas Ray

Johnny Guitar de Nicholas Ray

Johnny Guitar de Nicholas Ray

Un western au féminin
À peine arrivé dans le saloon isolé de Vienna, un cavalier musicien surnommé Johnny Guitare découvre les violentes tensions qui opposent la propriétaire des lieux et les habitants de Powderville. La communauté ne tolère guère que cette femme indépendante puisse s'enrichir avec l'arrivée du train et qu'elle ouvre ses portes à la bande marginale de Dancing Kid. Portée par la haine qu'elle voue à Vienna et à ses amis, une jeune femme, Emma Small, entraîne les hommes de la ville dans sa furie destructrice et les pousse au lynchage.Cinéaste de la rébellion, de la violence et de la passion, Nicholas Ray bouscule avec Johnny Guitare les codes du western. L'action resserrée dans l'espace et dans le temps est bien au rendez-vous, mais, contrairement aux schémas habituels, elle se situe davantage du côté des femmes que du côté des hommes. Très loin des figures traditionnelles de femmes au foyer dans le western, Vienna et Emma prennent le pouvoir au sein d'un univers très masculin. Ce sont elles qui tiennent les armes et donnent les ordres. Johnny Guitare lui-même, pourtant désigné par le titre comme le héros du film, entre au service de son ancienne amante Vienna : celle-ci va jusqu'à lui confisquer son arme et la remplacer par une guitare, substitution on ne peut plus symbolique. Cette place nouvelle attribuée aux femmes dans un western est étroitement liée aux conditions mêmes de réalisation du film. Le script de Johnny Guitare fut en partie remanié au moment du tournage, à la demande de la star Joan Crawford (Vienna) qui entretenait un réel rapport de rivalité avec Mercedes McCambridge (Emma). Jalouse de la position de meneuse d'hommes donnée à McCambridge, elle exigea que son rôle soit réécrit et masculinisé afin de s'imposer comme un personnage puissant.