« British Noirs », le film noir britannique impose sa patte à la Cinémathèque française

« British Noirs », le film noir britannique impose sa patte à la Cinémathèque française

« Le Gang des tueurs » de John Boulting sera projeté en ouverture de la rétrospective.
« Le Gang des tueurs » de John Boulting sera projeté en ouverture de la rétrospective. Pathé Pictures

Du 15 juin au 11 juillet, la Cinémathèque française accorde une rétrospective au genre du « British Noir », appropriation sociale et hautement pessimiste du film noir par Mike Hodges, Terence Fisher ou encore Joseph Losey.


Après avoir rendu hommage à vingt indispensables du film noir américain, la Cinémathèque française traverse l'Atlantique pour observer le pan britannique du genre. Malgré ses influences hollywoodiennes indéniables, le film noir britannique d'après-guerre adopte un regard plus froid et politique que son homologue américain. Il se consacre à la déprimante réalité du monde criminel et aux problématiques sociales au pays de sa Majesté. Une vision pessimiste, parfaitement observable dans Le Gang des tueurs (1947) de John Boulting, qui fera l’objet d’une présentation le 20 juin prochain par Jean-François Rauger, critique de cinéma et directeur de la programmation à la Cinémathèque. Dans cette adaptation du roman Brighton Rock de Graham Greene, Richard Attenborough interprète le rôle du truand Pinkie Brown, un chef de gang à l'autorité déclinante responsable de la mort d'un journaliste. Organisée du 15 juin au 11 juillet 2022, la rétrospective « British Noirs » s'ouvrira avec la projection de La Cible hurlante (1971) de Douglas Hickox. Un thriller d'une violence et d'un cynisme inouïs dans lequel un prisonnier (Oliver Reed) s'évade pour assassiner son épouse, enceinte d'un autre homme. Ce monument de noirceur sort un an après La Loi du milieu (1970) de Mike Hodges, autre pilier du genre diffusé le 16 juin dans sa nouvelle restauration 4K. Michael Caine s’y glisse dans la peau de l’imperturbable Jack Carter, un amoureux de la chevrotine décidé à éliminer méthodiquement les mafieux locaux responsables du meurtre de son frère.  

 

Le début des années 1970 marque aussi les premiers pas de Stephen Frears avec son premier long Gumshoe (1971) – l'histoire d'un simple animateur de loto devenu détective privé après avoir posté une annonce dans le journal local. Le cycle « British Noirs » donne aussi l'occasion de revisiter les contributions d'immenses réalisateurs comme Alfred Hitchcock (Frenzy et son étrangleur à la cravate) et Joseph Losey (Eva, L'Enquête de l'inspecteur Morgan) à ce mouvement cinématographique. La majorité des films sélectionnés capturent la grisaille des périphéries anglaises, des docks brumeux du Racket (1979) de John Mackenzie aux complexes industriels charbonneux de Newcastle dans La Loi du milieu. Face à eux, Trois milliards d’un coup (1967) de Peter Yates fait figure d'exception. Ce modèle du film de hold-up revient sur le braquage musclé du train postal Glasgow-Londres en 1963. The Last Page (1951) de Terence Fisher, production de la Hammer écrite par le scénariste du Crime était presque parfait, et la sulfureuse adaptation Pas d'orchidées pour Miss Blandish (1948) de St. John Legh Clowes clôtureront la rétrospective le 11 juillet prochain.