Vampires et pactes faustiens dans la rétrospective F.W Murnau à la Cinémathèque française

Vampires et pactes faustiens dans la rétrospective F.W Murnau à la Cinémathèque française

07 février 2022
Cinéma
Gösta Ekman (Faust) et Emil Jannings (Mephisto) dans « Faust, une légende allemande » de F.W Murnau.
Gösta Ekman (Faust) et Emil Jannings (Mephisto) dans « Faust, une légende allemande » de F.W Murnau. Films sans Frontières
Du 9 au 26 février 2022, la Cinémathèque française rend hommage à l'un des cinéastes les plus influents du cinéma muet, grand esthète des ambiances nocturnes et de la terreur qui les peuple.

Comment pourrait-on oublier ce frêle esquif au cœur de la tempête, métaphore des tumultes amoureux dans L'Aurore (1927) ? Ou encore cette silhouette décharnée, celle du vampire Nosferatu, campé sur le pont d'un navire avant de semer la peur sur la ville de Wisborg. La Cinémathèque française accorde une rétrospective au maitre du cinéma expressionniste allemand, Friedrich Wilhelm Murnau, du 9 au 26 février prochains. L’auteur d’une filmographie magistrale, tiraillée entre son Allemagne natale et les sirènes des studios hollywoodiens, et dont Promenade dans la nuit (1920) reste le plus ancien vestige préservé.

La rétrospective s'ouvrira avec la projection de City Girl (1928), en Cinémix - procédé qui consiste à imaginer les sons accompagnant un film muet - avec la participation du pianiste Édouard Ferlet. Dernier long métrage de Murnau produit par la Fox, City Girl explore la dualité de l’Amérique, tiraillée entre la ville (la cacophonie des rues de Chicago) et la campagne (les plaines verdoyantes du Minnesota). Une ambivalence personnalisée par le couple Charles Farrellet/Mary Duncan dans cette relecture du mythe shakespearien de l'amour impossible. 


Le pianiste et grand défenseur de la musique classique à la télévision, Jean-François Zygel, montera sur scène le 10 février pour accompagner Le Dernier des hommes (1924). Porté par le légendaire acteur allemand Emil Jannings, ce film - qui a ouvert les portes de l’Amérique à Murnau - conte la descente aux enfers d'un portier d'hôtel, jugé trop vieux pour exercer ses fonctions. Grâce à des mouvements de caméras virtuoses, F.W Murnau y filme la chute dégradante d’un homme dans l’indifférence. 

Qui dit Murnau dit aussi son goût pour les adaptations littéraires : celle de la langue de Goethe avec Faust (1926), ou encore de l’univers gothique de Bram Stoker avec Nosferatu le vampire (1921). La projection de ce chef d'œuvre expressionniste, précurseur du cinéma de genre, sera accompagnée d'une improvisation par les musiciens Emmanuelle Parrenin (instruments rares comme le dulcimer, l'épinette...), Quentin Rollet (saxophone) et Jérôme Lorichon (synthétiseur). À l'occasion du centième anniversaire de Nosferatu, Arte diffusera les aventures du comte Orlok suivies d'un documentaire de Wilm Huygen sur la genèse du projet. Initialement prévue le 11 février, la conférence « La "Bible" du Faust de F. W. Murnau » donnée par l'historien du cinéma Werner Sudendorf sera quant à elle reportée à une date ultérieure.